Vidéo : Le cancer de la tertiarisation au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Economie | Par Eva | Publié le 07/08/2019 04:08:31

Vidéo : Le cancer de la tertiarisation au Sénégal

En 2002, les statistiques n’étaient pas belles à voir. L’économie nationale, qui traversait une rude période, avait vu sa croissance s’effondrer à 0,7% (Données banque mondiale). Aujourd’hui, 17 ans plus tard, c’est l’embellie. Depuis 5 ans, le pays génère des taux de croissance respectables. Cependant, il y a quand même une tâche noire!

L’économie sénégalaise souffre de beaucoup de maux. Mais, l’une des plus prégnantes s’appelle la « tertiarisation ». En effet, avec un faible taux d’industrialisation, combiné à la fragilité de son secteur primaire, le Sénégal a vu le secteur tertiaire devenir le poumon de son économie.

Les causes profondes du mal

Ce secteur, qui englobe les activités financières, le commerce (fortement informel), les transports, les télécoms, le tourisme etc., génère au moins, la moitié de la richesse du pays. Ce, depuis longtemps. Rien qu’en 2017, malgré un léger ralentissement, ce secteur des services a contribué à plus de 52% dans la formation du PIB, selon les comptes nationaux provisoires de 2017. Les autres secteurs fournissent le reste.

Autrement, une grande partie de la richesse est générée par un secteur qui concentre une faible partie de la population, contrairement au secteur agricole, fragile, mais qui regroupe plus de la moitié de la population. Cette problématique met aussi à nu la faiblesse de l’industrialisation de l’économie, de sa productivité et de la transformation des produits du secteur primaire.

Le Sénégal exporte sa valeur ajoutée et ses emplois

« L’économie réelle devient faible. C’est-à-dire que les produits primaires, réalisés dans le pays, ne sont pas transformés. L’essentiel de la valeur ajoutée se fera à l’extérieur du pays. La tertiarisation de l’économie crée aussi un gonflement au niveau urbain, du fait de l’exode rural », analyse Youssou Diallo, économiste et président du Club Sénégal émergent.

L’autre mal, c’est que dans ce secteur, le capital étranger est très présent, notamment dans les sous-secteurs les plus florissants comme les télécoms, les finances, etc. Conséquence, « les bénéfices et les profits peuvent avoir tendance à être rapatriés dans d’autres pays ». D’où la nécessité de promouvoir les nationaux dans ces niches porteurs.

« C’est une limite importante du plan Sénégal émergent »

« Vous ne pouvez pas connaître les limites du Pse, si vous n’étudiez pas quelles sont les sources de la croissance, les secteurs qui produisent la croissance. Et la limite la plus importante, c’est que la croissance provient à 61% du tertiaire », souligne le professeur Moustapha Kassé, économiste et doyen honoraire de la Faculté des sciences et gestion de l’Université Cheikh Anta Diop.

Aujourd’hui, nombre de spécialistes estiment que l’économie sénégalaise s’est tertiarisée, car n’ayant jamais connu une phase d’industrialisation majeure. Pour y remédier, d’aucuns prônent un changement de paradigme. Depuis son installation, le régime actuel veut opérer une transformation structurelle de l’économie, afin d’extirper celle-ci de ce piège. Des efforts qui portent timidement des fruits, notamment sur le plan agricole. En attendant donc des mesures plus hardies, le mal persiste toujours.


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