Adama Gaye : Le droit à la différence ! - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - L'opinion des sans voix - Politique | Par Eva | Publié le 30/12/2019 01:12:00

Adama Gaye : Le droit à la différence !

Ce matin, un rappel utile: je renouvelle mon vœu de combattant engagé, assumant un droit à la différence dont l’importance me paraît plus que jamais vitale face aux forces de la démission-capitulation alors que les périls s’accumulent sur le pays. Les pesanteurs et tensions sont si fortes qu’il n’est plus question de maintenir le plus mince clair-obscur: le temps de la démarcation des lignes est arrivé, et il va falloir se compter. La solitude est belle quand elle est portée par un courant fort. Elle se distingue par une différence au nom du vrai, parce que l’histoire en marche rédige aussi les actes sur sa route…

Clôture

Le droit à la différence se pose en s’opposant à un autre au moyen duquel, exerçant leur droit à la passivité, beaucoup de sénégalais ont choisi de se mettre sur le bord de la clôture et de ne rien faire d’autre que de juger celles et ceux dans l’arène.

Le rappel est pédagogique.

Je n’ai pas passé 53 jours en prison dans des conditions aussi illégales qu’inhumaines ; dépensé des milliers de dollars que j’avais laissés derrière pour mes dépenses carcérales; payé des millions à des avocats; et être resté ferme face à mes geôliers et à leurs commanditaires, y compris en rejetant les offres empaquetées sous divers angles venant de la famille et des amis -vrais ou en mission de mercenaires-, je n’ai pas engagé le combat politique et intellectuel que je mène pour prêter du crédit aux voix scélérates de la compromission.
Ce n’est, en somme, pas par fantaisie ni pour amuser quelque galerie qu’un engagement de ce genre se fait, et il exige des mutations susceptibles d’en dérouter plus d’un, notamment ceux restés à l’ère des duels à fleurets mouchetés. L’artillerie lourde est de sortie; elle couvre de ses éclats les piailleries ambiantes.
Ca me plaît. L’absence d’alternative rend les choses claires, comme le note une de mes amies américaines, universitaires, qui me lit ici.

J’entends donc les conseils et les surprises face à ma fermeté.

Je ne me suis pas fermé les portes de la facilité pour laisser entrer dans mon sanctuaire les voix esclaves de tous les pouvoirs, des êtres malheureux en quête de compères mais prétendant donner des conseils de…sagesse ou retenue à ceux, comme moi, ayant choisi une voie différente de la leur: l’indépendance, le patriotisme, la dignité.
Je ne me suis pas mis en exil volontairement, à un prix financier et psychologique coûteux, là où il m’était loisible de profiter des dépouilles de la criminalité économique et politique d’Etat pour permettre que des vendus, masculins et féminins, puissent courber mon chemin.

Intercessions masquées

Le Sénégal de 2019 est dans une profonde crise. Celle, en particulier, de ses populations, surtout certaines élites urbaines, de Dakar, qui, en plus d’être courageusement compromises en se transformant en persillères des pouvoirs quels qu’ils soient ont la fâcheuse habitude de vouloir définir le benchmark, les paramètres, de l’attitude à adopter en ces graves heures.

J’ai même entendu quelqu’un me dire: avant tu écrivais sur les enjeux, de ta belle plume; maintenant tu tires sur des individus. Qu’on soit clair: puisqu’ils ont choisi de jouer aux durs et diffamateurs, c’est sur ce terrain que tous ceux qui en ont pris le pli seront traqués et battus…Trop facile d’avoir lancé la course au déballage et au déblatérage et après, parce que déconstruits et défaits, revenir pleurer ou demander des intercessions à peine masquées.

Demain, des détenus politiques seront encore en taule, les enseignants universitaires en grève, les étudiants à leur suite, l’eau rationnée, les travailleurs de l’eau réquisitionnés, l’électricité inaccessible, la Senelec en chute libre, la SDE détournée par une cohorte, la famine en extension, l’économie sous coupe réglée du FMI, les violences déferlantes, le monde paysan dans le désarroi, la jeunesse dans la tourmente du chômage et leurs parents dans celle de la pauvreté.
Les hommes n’osent plus se marier, n’en ayant pas les moyens, les femmes dans la solitude qu’elles tentent de tuer dans la course à l’acquisition de clinquants qu’elles ne peuvent plus s’offrir…

Le pays se déglingue. Et on ose conseiller à ceux qui le disent pour y trouver remède de ne pas le dire -ou de le dire en mots doux pour que cela passe inaperçu. Le droit à la différence est un droit humain. Le droit à sa propre vérité l’est davantage. Et oser être différent, a dit Moandas Gandhi, à juste titre, est un signe de leadership.

Je suis différent. Je le reste. Y compris dans la fermeté de mon langage écrit et verbal.
Bon dimanche…


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top