Falilou Cissé : Oui le système est malade mais Sonko sera-t-il vraiment l'homme de la situation ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - L'opinion des sans voix | Par Eva | Publié le 13/01/2020 04:01:43

Falilou Cissé : Oui le système est malade mais Sonko sera-t-il vraiment l'homme de la situation ?

Sonko cherche 2 milliards et demi pour aller à l’assaut du système. Tout système est un ensemble d’éléments. Pour que le système en question change, il va falloir que les éléments qui le composent acceptent et soient prêts pour le changement. Sonko a eu le mérite de comprendre que ce système est malade et qu’aucun développement ne sera possible tant qu’il ne sera pas fondamentalement changé. Mais cela suppose beaucoup de facteurs. D’abord, il va falloir que celui qui le pilote soit doté de beaucoup de courage, d’intelligence, de témérité, d’un esprit très élevé de sacrifice et d’imagination. Quand je parle de sacrifice élevé, certains esprits courts me diront que Sonko s’est déjà sacrifié en perdant son prestigieux poste dans les impôts et domaines. Il ne s’agit point de ce type de sacrifice. Il ne s’agit pas non plus de se suicider pour les autres.

Pour illustrer à suffisance la maladie congénitale du système, réécoutons certains faits qui se sont passés au cœur de la République. Fin 1980, de façon surprenante, spectaculaire et sublime, Senghor, le premier président quitte le pouvoir après avoir passé 20 ans au sommet de la magistrature du pays. Il laisse constitutionnellement les destinés du Sénégal au technocrate Diouf. A l’occasion de l’intronisation de ce dernier, l’illustre Kéba Mbaye, alors président de la cours suprême, s’adressant au tout nouveau Président, mais jugeant par la même occasion l’ancien, lança son célèbre cri de cœur : « Monsieur le Président, les Sénégalais sont fatigués »

Par ces propos, le chantre de l’éthique pointait du doigt la gestion de Senghor, qui malgré le génie tant chanté et l’âge d’or de l’Etat providence, n’a pu empêcher aux sénégalais d’être si éreintés au point d’irriter le juge.
Le tout nouveau président, comme s’il voulait montrer à ce dernier que son message était bien perçu, tente de dérouler une politique fort encourageante avec une nouvelle vision qu’accompagnaient beaucoup de mesures révolutionnaires dont l’instauration de la fameuse CREI.

Rien ne sera plus comme avant disait-il. Après 20 ans, toujours essoufflés, les sénégalais mettent fin à son règne. Un immense espoir renaît avec l’avènement de l’homme politique le plus adoré de l’histoire du Sénégal, l’africain le plus diplômé de la presqu’ile au caire : Abdoulaye Wade. Après 12 ans de pilotage, Sidy Lamine Niass emprunte au juge son fameux « réquisitoire qui finit par emporter Wade. « Les sénégalais sont fatigués » lui avait-il lancé depuis la place de l’indépendance qu’il rebaptisa d’ailleurs place tahrir
Les sénégalais décident alors de confier la gestion du pays au plus jeune des trois, nés après les indépendances, en l’occurrence le Président Macky. Ce dernier arrive, passe sur les traces de Diouf, réactive la CREI et lance sa phrase qui galvanisa l’espoir : La patrie avec le parti. On connaît, pardon, on vit la suite. En 60 ans d’indépendance, le Sénégal tourne autour de lui-même. La faute : Le système.

C’est contre ce système que se bat Sonko. Mais osera t – il vraiment ? Qu’aura t – il de plus pour réussir là où ces grands noms ont échoué si jamais il devenait Président ? Est-ce que le Sénégal d’aujourd’hui est prêt à lui offrir les femmes et les hommes prêts à changer de comportement, d’attitudes et de mentalités ? Si non qu’est- ce qu’il entend faire pour contraindre, au besoin, ces sénégalais à franchir le cap ? Est ce qu’il aura le courage et la pertinence du discours ? Par exemple, Est-ce qu’il est prêt à dire à ses inconditionnels qu’en tant qu’humain, il est possible que je commette des erreurs et que si tel est le cas, prenez la défense du Sénégal et non aveuglément la mienne ? Est-ce qu’il est prêt à adopter la révolution culturelle et citoyenne nécessaire en s’engageant à, entre autres décisions : restaurer la discipline et mettre fin à l’anarchie, au désordre et à l’insolence notés dans le pays encadrer la liberté d’expression en mettant fin aux débats récurrents et inutiles qui compromettent le progrès

Réduire de façon drastique toutes les importations et faire en sorte que nous mangeons ce que nous produisons
changer fondamentalement le système éducatif en introduisant nos valeurs porteuses de développement mais également l’enseignement professionnel dès le primaire, supprimer les bourses des étudiants pour les remplacer par une autre approche concertée et plus adaptée, transformer et promouvoir les produits arboricoles sauvages et fruitiers ainsi que ceux issus de notre agriculture.

Dire formellement aux jeunes que l’Etat n’a aucun emploi à offrir mais qu’il encouragera, soutiendra et développera les petites et moyennes entreprises, supprimer les cumuls de fonctions et diminuer les salaires exorbitants de certains DG et autres responsables, réduire à 4 au maximum le nombre de partis politiques et mettre fin au cycle des gréves des élèves et étudiants mais aussi aux récurrents et macabres accidents de la circulation.

Si jamais ces questions, loin d’être exhaustives, trouvaient des réponses claires, j’allais militer au Pastef, non pas pour apporter quoi que ce soit mais pour soulager mon désir le plus ardent, celui de voir enfin mon pays emprunter les rames du développement mais surtout pour ne pas rater le train de l’histoire qu’il aura réussi à déclencher.

Falilou Cissé, conseiller en Développement communautaire à Bamako


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