Désinformation : Barack Obama s’inquiète de « l’érosion de la vérité » et critique les réseaux sociaux - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - High-Tech | Par Eva | Publié le 17/11/2020 04:11:45

Désinformation : Barack Obama s’inquiète de « l’érosion de la vérité » et critique les réseaux sociaux

L’ex-président des États-Unis Barack Obama s’inquiète de « l’érosion de la vérité » au pays et critique les réseaux sociaux pour leur rôle dans la propagation d’informations trompeuses et de théories conspirationnistes dommageables pour le fonctionnement démocratique du pays.

Dans une série d’entrevues données au cours des derniers jours à l’occasion du lancement du premier tome de ses mémoires, le politicien est revenu à la charge à plusieurs reprises contre les géants de la Silicon Valley en leur reprochant de renforcer l’idée « que les faits ne comptent pas ».

« Il y a des millions de personnes qui croient que Joe Biden est un socialiste, qui croient que Hillary Clinton faisait partie d’une cabale maléfique engagée dans des réseaux de pédophiles », a souligné l’ancien chef d’État à la BBC.

Les réseaux sociaux, a-t-il précisé, agissent comme un « turbopropulseur » en matière de désinformation, accélérant notamment la diffusion des faussetés mises de l’avant par des médias hautement partisans.

Je pense qu’à un certain moment, il va falloir une combinaison de lois et de normes au sein de ces industries pour nous ramener à un point où l’on reconnaît un ensemble partagé de faits avant de pouvoir commencer à discuter de ce qu’il faut faire à propos de ces faits.

Barack Obama, ex-président des États-Unis

Dans une autre entrevue accordée à la revue The Atlantic, Barack Obama a critiqué les dirigeants des réseaux sociaux en leur reprochant de ne pas reconnaître l’importance de leur rôle dans la crise.

« Je connais la plupart de ces gens, je leur ai parlé de la situation. L’entêtement de ces entreprises à prétendre qu’elles ressemblent à des entreprises téléphoniques » relayant sans interférence des informations « n’est pas tenable », a-t-il relevé.

« Ils font des choix éditoriaux, qu’ils les aient enterrés dans des algorithmes ou pas. Le premier amendement [protégeant la liberté d’expression] ne requiert pas que les entreprises privées fournissent une plateforme pour véhiculer tous les points de vue que l’on peut trouver », a-t-il noté.

Efforts des Facebook et autres Twitter

La sortie de l’ex-président survient alors que des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook ont intensifié leurs efforts pour freiner la circulation d’informations trompeuses, allant notamment jusqu’à accoler des messages d’avertissement aux interventions en ligne du président sortant, Donald Trump, alléguant l’existence de fraudes massives lors de l’élection du 3 novembre.

Cette pratique avait commencé timidement dans les mois qui ont précédé le scrutin, suscitant de vives dénonciations du principal intéressé.

En mai, le chef d’État avait réagi vivement sur Twitter en affirmant que son administration n’hésiterait pas « à réguler étroitement ou à fermer » les opérateurs de réseaux sociaux qui cherchent à « taire les voix conservatrices » dans le pays.

Pierre Trudel, professeur au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal, pense que les actions récentes de ces entreprises pour freiner la désinformation en ligne visent d’abord et avant tout « à gérer leur image corporative ».

« Elles réagissent en fonction de leur évaluation des risques qu’elles courent si elles ne font rien », relève l’analyste, qui juge intéressante l’idée « d’étiqueter » des messages potentiellement controversés plutôt que de les bloquer purement et simplement.

Censurer, c’est excessif et ça peut même avoir l’effet contraire à celui qui est recherché. Quand on appose plutôt une étiquette, on fait appel à l’intelligence du lecteur, on lui dit qu’il y a un problème sur lequel il doit porter un jugement.

Pierre Trudel, professeur au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal

L’étiquetage n’est évidemment pas sans risque non plus, puisqu’il « n’est pas facile de trouver où commence et où finit » ce qui est factuellement acceptable, relève le chercheur, qui s’inquiète de la possibilité de voir des entreprises privées « jouer le rôle de tribunal » quant au contenu mis en ligne.

M. Trudel pense que les États, plutôt que de se focaliser principalement sur le contenu lui-même, devraient en priorité se doter d’instances régulatrices susceptibles d’évaluer les algorithmes des entreprises concernées pour garantir qu’ils ne risquent pas de susciter des dérives, par exemple en renforçant des stéréotypes racistes.

Il y a peu de chances, en l’absence de pression externe, que les géants de la Silicon Valley se livrent à une véritable remise en question à ce sujet, note M. Trudel.

« Les entreprises ont peur de la régulation de l’État et investissent plus dans l’autorégulation lorsque la pression monte. C’est ce qu’on avait vu avec l’industrie du tabac », conclut le professeur.

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