L’histoire est la science qui étudie le passé des hommes. Elle est à travers ses méthodes une science sociale exacte utilisant diverses techniques pour faire revivre le passé. Elle est de ce fait une science qui se doit d’être objective.
Ce travail de fouille, de recherche, est le fruit de l’œuvre d’une personne que l’on nomme historien. Il se base sur des écrits ou des vestiges du passé pour comprendre des faits, analyser des actions, interpréter des comportements, bref réécrire l’histoire d’un peuple.
Dans ce raisonnement, l’historien est subjectif car il choisit lui-même l’objet de son étude. Ce choix est en fait, personnel, individuel, subjectif. Il use de son raisonnement de ses croyances de la culture qu’il a assimilé pour pouvoir décrire l’histoire. Une histoire objective.
L’exactitude de l’histoire est partagée entre le subjectivisme du penseur et l’objectivisme de la science. Pour comprendre cette dualité, il nous faut analyser l’histoire de l’Afrique et les divers penseurs qui ont écrit à ce sujet notamment Hegel et Cheikh Anta Diop.
Ces deux penseurs représentent les deux écoles qui ont sondé l’histoire de l’Afrique pour en tirer des points de vue divergents, controversés. Ces points de vue se sont opposés et s’opposent encore dans une guerre silencieuse.
Hegel a été le fruit d’un système de pensée occidental. Un système conquérant utilisant la raison pour assouvir sa domination du monde. Le philosophe Hegel fut cet esprit validant ces théories du complot contre l’Afrique. Son point de vue est sans conteste : « l’Afrique n’entre pas dans l’histoire car n’ayant pas d’histoire ». Autrement dit : ce continent n’a pas offert à l’humanité un semblable de civilisation ni apporté une contribution significative au progrès de l’espèce humaine.
Dès lors, la civilisation occidentale se doit de civiliser cette « grande et sombre barbarie ». La colonisation fut ainsi le moteur et le moyen d’accomplir ce dessein. Ceci fut matérialisé par la domination de tous les pays d’Afrique noire et magrébine. L’école et l’acculturation furent les instruments de civilisation. Le dénigrement et le mépris : les moyens de détruire toute velléité d’affirmation de la civilisation noire. La civilisation noire parce que l’Occident en niant l’histoire de l’Afrique s’adresse aux noirs.
Lorsque, certains nègres furent totalement acculturés et terrible défenseur de la civilisation occidentale, les objectifs des puissances dominatrices furent atteints. L’indépendance fut imminente. Non pas que l’Afrique soit enfin civilisée, mais parce que l’occident a discerné une autre forme de domination.
Pourquoi perdre son temps à éduquer des barbares s’il existe dans ces barbares nos imitateurs. Mieux vaut les laisser dominer et maltraiter leur peuple et perpétuer nos desseins.
Dans chaque guerre, les vainqueurs ont le monopole de la vérité et le pouvoir d’écrire l’histoire à leur guise. L’histoire de l’Afrique fut réécrite, malmenée, maltraitée, son honneur bafoué, sa virginité violée. Et le comble du comble, le mensonge est dispensé dans les lieux de savoir : l’école et l’université. Il fallait quelqu’un pour la restaurer, pour réhabiliter la vérité et dépouiller le mensonge.
Cheikh Anta Diop se proposa comme mission de pénétrer les profondeurs de l’histoire africaine, de sonder les entrailles de cet abîme pour faire briller la lumière de la vérité. Il étudia en France, embrassant différents domaines du savoir : l’archéologie, l’histoire, la physique, la chimie, la philosophie, etc…
Cette diversité des champs d’investigation et la connaissance de la culture africaine reflètent réellement le génie de l’homme. Cheikh Anta Diop a été éduqué dans la pure tradition et dans le respect rigoureux des coutumes africaines.
J’imagine le choc et le désarroi de l’homme lorsqu’il fut témoin de tant de mépris à l’égard de la civilisation noire. Il entreprit à la fin de son cursus un voyage dans le passé, une projection aux sources et racines de la culture africaine. Le défi est immense : remettre en cause les plus grandes théories de la philosophie occidentale, prouver que la civilisation noire est la source des autres civilisations.
Le défi est d’autant plus immense que l’hostilité du contexte dans lequel se situe le savant. Hostilité venant d’une part de l’intérieur de son pays natal (Sénégal) et de la pression des pouvoirs occidentaux. Cheikh Anta Diop, à travers son premier ouvrage « Nations nègres et cultures », démolit les mythes et préjugés sur une histoire de l’Afrique.
Il prouva bien que l’Egypte antique est bien noire et pas seulement pour une partie de sa population mais les pharaons, ingénieurs, prêtres étaient tous noirs. Le noir tant stigmatisé a en fait une histoire qui lui a été volé par le blanc.
Il continua de démonter point par point dans d’autres ouvrages les théories hégéliennes et autres suppositions sur l’Afrique. La réussite de sa mission s’est reflétée par la reconnaissance que lui témoignent les africains dispersés dans le monde.
L’histoire de l’Afrique est sombre. La philosophie hégélienne, a raison d’une part puisque l’homme africain n’était pas au rendez-vous lors des plus grandes découvertes et invention qui ont permis le progrès de l’homme.
Comprendre l’histoire comme le présent et l’immédiat a été d’autre part la limite de la philosophie hégélienne. La pensée antadiopienne s’inscrit réellement dans le passé antique. Il analyse une civilisation ancienne dont les savoirs n’ont pas été transmis aux générations futures.
L’histoire est la succession et continuité des civilisations du passé dans le présent et une projection dans le futur. La continuité de la civilisation de l’Egypte antique n’a pas eu lieu ni sa projection dans le futur. L’interrogation est la suivante : si la civilisation égyptienne est le fruit des peuples noirs pourquoi ne s’est-elle pas transmise aux générations futures ?
Pourquoi n’a-t-elle pas évolué dans l’Afrique moderne pour assurer son développement ?
Notre histoire est donc vierge ou un complot a été ourdi de la manière la plus silencieuse pour nous dissimuler notre histoire depuis la nuit des temps.
Article écrit par : Magaye Samba Ndao
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