Le calvaire d'un « réfugié LGBT » africain ! - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 18/03/2023 01:03:18

Le calvaire d'un « réfugié LGBT » africain !

Benjamin (le prénom a été modifié) a fui son Cameroun natal en raison de son orientation sexuelle. Débarqué au Niger, il attend depuis deux ans le traitement de sa demande d’asile.

Les autorités, qui s’apprêtent à voter une loi criminalisant l’homosexualité, refusent de traiter son dossier. Le jeune homme demande au HCR d’être réinstallé dans un autre pays. Témoignage.

« Un jour, j’étais avec mon copain dans ma chambre et j’ai été surpris par mes parents. Je fais partie d’une famille d’imams, l’homosexualité est interdite chez moi. Mes proches m’ont bastonné et ont voulu me rentrer un couteau dans l’anus. J’ai réussi à esquiver et j’ai été balafré au niveau de la fesse. Mon oncle me criait dessus en me disant que je salissais l’image et la réputation de ma famille.

Gravement blessé, je suis quand même parvenu à m’enfuir. J’étais complètement nu. Sur la route, des personnes m’ont aidé et m’ont donné des vêtements. J’ai fui le Cameroun en montant sur un bateau sur le Bénoué [principal affluent du fleuve Niger qui s’étend jusqu’au Nigéria, ndlr] et j’ai rejoint le Nigéria.

J’ai fait des petits boulots et un peu la manche. Quand j’ai récolté assez d’argent, j’ai payé des passeurs pour aller au Niger. Mon objectif était d’atteindre un pays européen pour avoir une vie meilleure et ne plus me cacher en raison de mon orientation sexuelle. Mais la route est sinueuse et j’avais peur d’être agressé sur le chemin alors je suis resté à Niamey.

« Ma demande d’asile est bloquée »

Dès mon arrivée, en 2021, au Niger, j’ai été pris en charge dans le centre du HCR [Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés, ndlr]. J’ai déposé mon dossier d’asile auprès des autorités nigériennes mais elles refusent catégoriquement de le traiter en raison de mon homosexualité. C’est très mal vu ici aussi.

Au Niger, les députés s’apprêtent à voter une loi criminalisant l’homosexualité. Jusque-là, un vide juridique entourait la question. Des nombreux pays africains pénalisent encore l’homosexualité (prison et/ou peine de mort) : la Mauritanie, le Nigéria, la Somalie, le Soudan, le Cameroun, la Guinée, le Togo, le Sénégal…

Le gouvernement n’accepte pas les réfugiés LGBT, ils pensent que nos orientations sexuelles contaminent leur société.

Résultat : ma demande est bloquée et rien n’avance. Depuis deux ans, je suis toujours en attente. C’est long ! Certains, dans la même situation que moi, attendent depuis quatre, voire cinq ans. Nous n’avons aucune autre solution.

« J’ai été agressé dans la rue à plusieurs reprises »

Comme les autorités refusent de nous entendre, on demande au HCR d’être réinstallé dans un autre pays, pas forcément en Europe. Ca peut aussi être dans un pays voisin du Niger. Mais le HCR ne nous écoute pas non plus. Tout ce qu’on veut, c’est que nos dossiers soient traités et être acceptés par la population.

Au Niger, c’est dangereux pour les gens comme nous. Des photos de moi en train de manifester devant les locaux du HCR avec des drapeaux arc-en-ciel [symbole des personnes LGBT, ndlr] ont été publiées dans la presse.

Peu de temps après, j’ai été agressé dans la rue à plusieurs reprises. On me disait : ‘C’est lui le pé**, il amène la malédiction dans notre pays’.

Le boulanger chez qui je vais tout le temps acheter du pain m’insultait et me crachait dessus. Pendant longtemps, je sortais avec un foulard sur le visage pour ne pas être reconnu.

Dans le centre du HCR aussi je suis parfois la cible. Certains migrants sont homophobes, ils m’insultent et peuvent être violents.

Moi, je veux juste vivre en paix dans un pays qui m’acceptera. »

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