Le monde n’a jamais été autant fragmenté, a relevé le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, notant que l’idéal universel alimentant par moments ses réflexions « n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui ».
« Paradoxalement, c’est vrai, le contraste est grand entre le fait que nous n’avons jamais été aussi fragmentés, peut-être et en même temps, nous n’avons jamais eu autant besoin d’avoir une politique d’humanité, c’est-à-dire une politique dont le fondement soit notre humanité partagée », a dit l’universitaire dans une interview accordée à Radio France internationale (RFI), mardi, dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits de l’homme.
« Les organismes qui mesurent l’état de la démocratie dans le monde sont unanimes pour dire qu’en général, elle a reculé partout, y compris dans des pays anciennement et traditionnellement démocratiques », a-t-il fait observer, ajoutant que « les guerres ont toujours été des situations extrêmes où l’on a l’impression que toute considération de droits humains est suspendue ».
Selon le philosophe sénégalais, c’est même pour cela que, sur le plan international, « les droits de l’homme insistent sur l’existence d’un droit de la guerre. L’idée étant que même en pleine guerre, on ne peut pas tout se permettre. Malheureusement, les conflits actuels montrent qu’on se permet tout », a déploré Souleymane Bachir Diagne, auteur de l’ouvrage Universaliser. Pour un dialogue des cultures, sorti en septembre dernier chez Albin Michel.
En faisant allusion à la fragmentation des nations et à l’état des droits de l’homme, « partout foulés aux pieds », Souleymane Bachir Diagne insiste sur l’importance de ne pas abandonner « cette orientation commune que les droits humains apportent à notre monde et à notre humanité ».
Le philosophe sénégalais dit toutefois refuser l’idée selon laquelle seul l’Occident reconnaît que des droits sont attachés à l’humain, soulignant que ce qui explique cette identification des droits de l’homme à l’Occident, « c’est la prétention de l’Europe à se proclamer seule porteuse de l’universel et à vouloir l’imposer au reste du monde ».
« La déclaration des chasseurs du Mandé, en Afrique de l’Ouest, commence par affirmer : une vie est une vie », a-t-il rappelé.
Il indique que l’approfondissement de cette idée que « toutes les vies – ukrainiennes, gazaouies, sud-africaines – sont égales » implique que les droits à la vie doivent être universellement respectés. Voilà ce que signifie tirer les conséquences de l’affirmation du droit universel attaché à l’être humain. »
Souleymane Bachir Diagne a défini ce qu’il appelle le processus d’universaliser par le fait « d’amener tous ces différends et faire en sorte de s’entendre sur quelque chose qui serait universel ».
Article écrit par : Awa Sanga
Mise en ligne : 11/12/2024
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