Entre amour, culpabilité et rejet : Être « seconde épouse » - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 02/02/2025 05:02:25

Entre amour, culpabilité et rejet : Être « seconde épouse »

Dans une société où la première femme est primordiale, être une seconde épouse est synonyme de préjugés, de pressions sociales, d’insultes et d’isolement. Le but de ce texte n’est pas de se victimiser en tant que seconde épouse, mais d’exprimer ce que de nombreuses femmes n’ont d’autre choix que de vivre en silence, car elles ont « choisi » cela.

J’ai toujours eu beaucoup d’empathie pour les premières épouses, ayant grandi auprès d’une, ayant vécu et vu les douleurs et difficultés qu’elles traversent.

C’est elles qui, du jour au lendemain, voient leur monde s’écrouler quand leur époux, père de leurs enfants, avec qui elles ont traversé monts et marais, s’en va épouser une autre. Il n’y a pas de mots pour expliquer ces maux.

Ce sont des années de vie commune qui sont remises en question. Elles se questionnent elles-mêmes en tant que femmes, épouses… Qu’ai-je fait ou pas fait pour mériter cela ? Ne suis-je pas assez belle ? Ne suis-je pas une bonne épouse ? N’ai-je pas assez donné de ma vie, de mon temps, de ma jeunesse, de mon sang et de ma sueur à cet homme ? Qu’aurais-je pu faire de mieux ? Qu’a-t-elle de plus que moi ?

À ce sentiment de trahison, de confiance brisée, s’ajoute la pression de la société : entre ceux qui les encouragent à rester et se battre pour ce qui reste de leur foyer et ceux qui les jugent pour avoir choisi d’accepter la situation.

Sachant tout cela, j’ai dû accepter d’être une seconde épouse. À cet instant où je devais faire ce choix, j’ai mis mon cœur et ma conscience de côté. Cette conscience qui ne cessait de me gronder : « Comment peux-tu infliger cela à une autre femme ? »

À quoi je répondais : « Je n’ai rien fait de grave, je suis dans le halal. » Mais mon humanité, mon cœur de femme, ne pouvait se taire bien longtemps. À peine le mariage scellé, la lune de miel passée, ce sentiment de culpabilité m’a submergée, m’empêchant de dormir. Mon cœur saignait en m’imaginant à la place de la première épouse.

Bien que tout se passait à merveille dans mon couple, je ne cessais d’y penser. Entre-temps, la société ne m’accordait aucun cadeau : les jugements, le mépris… Le plus dur pour moi, c’était l’isolement. Quand les gens se retiennent de se rapprocher de toi pour ne pas faire de mal à la première ou être traités d’hypocrites. Ton être tout entier se résume donc à ton titre : « la deuxième femme ». Rien de bien ne peut provenir de toi, même si tu es la personne la plus gentille de la terre, avec les intentions les plus pures.

Tu essaies donc de te faire petite, de t’isoler et de vivre ta vie à part, dans l’effort de laisser de la place à la première et de ne pas lui infliger plus de mal que tu n’en as déjà fait. Tu essaies tant bien que mal de prouver à ta coépouse ta bonne foi, de lui montrer que tu ne veux que la paix et que tu n’es pas venue pour briser son foyer… en vain. Et c’est compréhensible. Si vraiment tu étais de bonne foi, tu ne lui aurais pas infligé autant de peine.

Ton mari, lui aussi plongé dans la culpabilité, fait tout pour faire plaisir à la première, la mère de ses enfants, pour ne pas la perdre, même au prix de tes droits et de ton bonheur.

Tu en arrives à te demander : « Suis-je réellement dans le halal ? Si Allah a permis la polygamie, pourquoi je n’arrive pas à obtenir la paix ? Pourquoi tant de culpabilité ? Pourquoi tant de mépris ? »

Voilà ce que vivent beaucoup de femmes, en silence, car elles n’ont plus droit à la parole, à se plaindre, à être jalouses… Car c’est leur « choix ».

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Khady Faye.
Mis en ligne : 30/01/2025

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