« Écrire ne suffit plus, il faut être sur le terrain » : Hamidou Anne rejoint l’APR - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 03/02/2025 02:02:20

« Écrire ne suffit plus, il faut être sur le terrain » : Hamidou Anne rejoint l’APR

Hamidou Anne, après avoir annoncé l’arrêt de votre chronique « Traverses » dans Le Quotidien, vous avez choisi de vous engager en politique et de rejoindre l’APR. Pourquoi cette décision ?

Pendant quatre ans, j’ai écrit chaque semaine sur des sujets politiques, abordant divers enjeux contemporains sans compromis.

La politique m’a toujours attiré par sa capacité à générer des idées et des théories, mais j’ai toujours gardé une certaine méfiance envers les manœuvres de partis et leurs querelles internes. J’ai observé le monde changer, notamment avec la pandémie de Covid-19, les coups d’État au Sahel, la guerre en Europe, les attaques du 7 octobre, la réélection de Trump, et la situation de Gaza. Ces événements ont montré que des bouleversements peuvent surgir rapidement et transformer la réalité de manière dramatique.

Le Pastef est un parti qui, à mon sens, incarne une forme de fascisme, cherchant à abaisser le Sénégal. Écrire n’est plus suffisant pour moi. Dans les batailles à venir, je ne peux pas rester à l’écart, je dois m’engager, à la fois par les idées et sur le terrain.

Les événements de mars 2021, où une simple irresponsabilité a enflammé le pays et causé la mort d’enfants, m’ont particulièrement choqué. J’ai vu des universitaires soutenir un homme malgré ses mensonges et ses appels à l’insurrection, alors que l’université était incendiée sans réaction. J’ai été alarmé par la dégradation morale que j’ai observée au Sénégal. Écrire, publier des livres, donner des conférences, cela ne suffit plus face à la situation actuelle.

Je vois le Sénégal dans une crise profonde, où les repères sont flous. Le Pastef est arrivé au pouvoir après une insurrection, et bien qu’une élection ait légitimé cette prise de pouvoir, il reste un parti autoritaire, réactif et rétrograde. J’ai toujours eu une conscience politique, mais je n’ai pas pris de décision radicale par le passé, car même si j’avais des divergences, j’avais confiance dans le cadre républicain des régimes précédents. Mais aujourd’hui, face à l’idéologie du Pastef, je ne peux plus rester spectateur.

Quel sera votre rôle dans l’APR ?

Le Président Macky Sall ne m’a pas sollicité directement ; nos volontés ont convergé. Il m’a offert un espace pour rejoindre un collectif républicain. Je m’engage au sein de l’APR pour défendre la république, car le rôle d’intellectuel n’est plus suffisant face aux crises nationales. J’adhère à ce parti pour participer activement au débat public et défendre des valeurs de démocratie, de justice et de liberté. Mon ambition est de contribuer de manière significative, en restant toujours humble et discipliné. Je souhaite être un militant au service du collectif et de l’intérêt général.

J’ai rencontré Macky Sall pour la première fois en 2010 et nous nous sommes retrouvés en 2022. Notre échange a été sincère et fraternel, et je le soutiens désormais, conscient de son rôle et de son engagement pour le pays.

L’APR, qui n’a pas de ligne idéologique clairement définie, est-elle le cadre adapté pour vos idées de gauche ?

Je suis de gauche, mais le terme « républicaine » est essentiel. Sans la res publica, la politique ne peut être qu’une quête d’intérêts particuliers. La gauche a toujours été la source de mes aspirations pour une société plus juste. L’APR est un parti pluriel, où des personnes de divers horizons républicains se rassemblent. Je n’ai pas été attiré par l’APR dans le passé, car ma place était ailleurs, dans le domaine des idées, mais aujourd’hui, je me sens en phase avec son projet.

Je n’attends pas une place spéciale dans ce parti. J’y suis venu comme un militant ordinaire, pour contribuer à l’effort collectif. Le parti, malgré ses faiblesses et critiques, a joué un rôle crucial dans la transformation du pays et il n’a jamais allié avec le Pastef, ce qui est fondamental à mes yeux.

Après la perte du pouvoir par les anciens partis comme le PS et le PDS, l’APR connaît-elle une situation similaire ?

Après chaque alternance, certains choisissent la désertion ou le silence. Je rejoins l’APR avec une vision lucide et une volonté de contribuer à son redressement. Malgré les critiques, l’APR a joué un rôle majeur dans l’amélioration de l’économie du pays et sa position diplomatique. L’accusation de maquillage des comptes publics est irresponsable et met en péril notre souveraineté.

Macky Sall est-il encore l’homme providentiel pour l’APR ?

Macky Sall a suivi une tradition républicaine, en se mettant en retrait pour laisser son successeur agir. Bien qu’il soit actuellement hors du pays, il reste le président du parti et la figure morale consensuelle. Nos échanges actuels sont principalement axés sur des questions économiques et internationales, des domaines qu’il maîtrise bien.

Comment jugez-vous les premiers mois du Pastef au pouvoir ?

Le Pastef demeure fidèle à son caractère autoritaire. Les arrestations arbitraires, la répression des médias et les interdictions de marches sont des preuves de sa gouvernance violente. Sur le plan économique, le pays est dans une situation difficile, avec un déficit budgétaire en forte hausse et une mauvaise gestion des finances publiques. Leur approche sur la scène diplomatique est également défaillante, et le Sénégal perd progressivement de son influence internationale.

L’opposition peut-elle se structurer face à l’hégémonie du Pastef ?

Il est encore trop tôt pour bâtir une opposition forte et unie. Les partis de l’opposition doivent d’abord se regrouper et se réorganiser. L’APR, bien qu’elle soit au pouvoir, est déjà confrontée à de nombreuses faiblesses. Nous devons construire une opposition qui dépasse les logiques électoralistes et se concentre sur des principes communs pour défendre les valeurs républicaines et proposer une alternative porteuse d’espoir pour les Sénégalais.

Allez-vous briguer des mandats électifs dans les années à venir ?

Je ne suis pas venu en politique pour les portefeuilles ou la richesse matérielle. Mon objectif est de contribuer à la construction d’un avenir plus juste pour le Sénégal. Je suis déterminé à servir mon pays et je m’engage dans cette démarche pour le long terme, prêt à relever les défis à venir.

Article écrit par : Claire Mendy
Mis en ligne : 03/02/2025

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