Babacar Diagne, le frère aîné du défunt étudiant Matar Diagne, a accepté de se confier à L’Observateur, lors d’une rencontre émotive à Guiraw Rails Sud, en banlieue dakaroise. Dans un témoignage poignant, il réfute la thèse du suicide, soulignant la surprise totale de la famille face à une telle hypothèse.
« Cela nous surprend très sincèrement. Peut-être qu’il le vivait seul, mais jamais il ne s’est plaint d’une quelconque maladie. La seule pathologie qu’on lui connaît, ce sont des maux de dents assez fréquents, mais pas plus », déclare Babacar Diagne, évoquant la bonne santé apparente de son frère.
Il poursuit en abordant l’isolement que Matar aurait pu évoquer. « L’isolement qu’il évoque, c’est certainement à l’Ugb. Dans la famille, il y a certes des problèmes comme partout, mais personne n’est tenu à l’écart. La preuve, nous prenons toujours ensemble le déjeuner. » Ces mots résonnent comme une tentative de dissiper l’idée d’une souffrance cachée au sein de la famille.
Matar Diagne, selon son frère, était un jeune homme « casanier, studieux et très pieux ». Babacar ajoute : « C’était comme s’il était le plus responsable dans la famille. Il ne ratait jamais les prières et avait toujours son chapelet en main. Il était trés casanier. D’ailleurs, dans le quartier, peu de nos voisins le connaissent. Le seul ami qu’on lui connaît réside non loin d’ici à Sips. »
Un parcours scolaire marqué par les difficultés mais aussi par la résilience. Babacar Diagne révèle que son frère a dû faire face à des « retards de paiement » fréquents, qui ont perturbé son cursus. « Cela nous arrivait très fréquemment. C’est vous dire que des difficultés ont toujours jalonné la vie de Matar », confie-t-il. Cependant, ces obstacles n’ont pas freiné l’ambition de Matar, qui a brillamment décroché son Bac, arrivant premier de son centre, avant de poursuivre des études de droit public à l’Université Gaston Berger (Ugb).
Le 10 janvier dernier, la famille a été frappée par l’impensable : le corps sans vie de Matar Diagne a été retrouvé à l’Ugb, suspendu à une penderie avec un drap. La tragédie s’est abattue sur la famille après trois ans d’une vie universitaire qu’il semblait mener avec détermination et sérieux.
Babacar Diagne revient aussi sur la responsabilité que son frère prenait au sein de la famille. « Il participait avec sa bourse aux soins de notre mère, victime d’un AVC », précise-t-il, mettant en lumière l’engagement de Matar envers sa famille.
La dernière rencontre entre les deux frères remonte aux fêtes de fin d’année. « La dernière fois qu’on s’est vus, c’était lors des fêtes de fin d’année. Il est resté jusqu’au 2 janvier avant de repartir à Saint-Louis. Je l’ai raccompagné à la gare des Baux Maraichers, il a pris un véhicule, et rien dans son comportement ne laissait croire qu’il souffrait », témoigne Babacar, une douleur palpable dans ses mots.
Ce drame plonge la famille Diagne dans le deuil, alors qu’ils cherchent encore des réponses sur les circonstances exactes de la disparition de Matar.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 12/02/2025
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