L’affaire Imane Khelif et Lin Yu-ting met en lumière une problématique de plus en plus récurrente dans le sport : la définition du genre et son impact sur la compétition. En excluant ces deux boxeuses des Mondiaux 2023 au motif qu’elles seraient porteuses de chromosomes XY, l’Association internationale de boxe (IBA) affirme vouloir garantir une compétition équitable. Mais cette décision, contestée par le Comité international olympique (CIO), pose la question de la légitimité des critères biologiques pour déterminer l’éligibilité des athlètes féminines.
L’IBA justifie son choix en s’appuyant sur des considérations scientifiques et juridiques, invoquant notamment la loi suisse qui permet des poursuites en cas de mise en danger des participants. Pourtant, ni Imane Khelif ni Lin Yu-ting ne sont des femmes transgenres. Elles ont toujours concouru dans la catégorie féminine et ont été reconnues comme telles par le CIO, qui s’appuie sur leur passeport plutôt que sur une analyse chromosomique. Cette divergence entre instances sportives révèle un vide réglementaire et un affrontement de visions sur l’inclusion et l’équité dans le sport.
Au-delà de la question scientifique, cette affaire soulève un enjeu plus large : celui des droits des athlètes et du respect de leur identité. Imane Khelif a dénoncé une injustice, rappelant qu’elle avait déjà dû affronter des accusations infondées par le passé. Son exclusion ne repose pas sur une fraude avérée, mais sur un critère qui semble arbitraire et difficilement applicable à l’ensemble du monde sportif. Si l’IBA impose un contrôle chromosomique, doit-elle alors revoir le statut de toutes les sportives et appliquer une règle uniforme à toutes les disciplines ?
Ce débat met en lumière un dilemme fondamental : comment concilier équité sportive et respect des droits individuels ? L’IBA prône une approche rigoureuse pour éviter toute concurrence déloyale, mais en agissant ainsi, elle risque de porter atteinte à l’intégrité de certaines athlètes. À l’inverse, le CIO privilégie une reconnaissance administrative qui peut être critiquée pour son manque de précision scientifique. Entre ces deux visions, le sport semble pris en otage par des considérations politiques et idéologiques.
L’affaire Khelif-Lin Yu-ting ne sera sans doute pas la dernière de ce genre. Elle illustre la nécessité pour les instances internationales de clarifier les règles du jeu et d’adopter une position cohérente et transparente. Tant que ces débats resteront ouverts, des athlètes continueront de voir leur carrière suspendue à des décisions parfois opaques. La question n’est pas simplement biologique ou juridique, elle est profondément humaine.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Lansana Djiba.
Mis en ligne : 15/02/2025
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