La publication du dernier rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024 continue de faire des remous. Le parti au pouvoir, Pastef, dénonce un « carnage financier sans précédent », tandis que l’ex-parti au pouvoir, l’APR, crie à la « machination politique ».
Lors d’une conférence de presse, Daouda Ngom, coordonnateur du Mouvement national des cadres de Pastef et ministre de l’Environnement, a fustigé une gestion qu’il qualifie de « criminelle ». « Les Sénégalais sont sidérés par l’ampleur des écarts entre les données fournies par la Cour des comptes et celles avancées par l’ancien régime », a-t-il déclaré.
Aux côtés de plusieurs figures du parti, dont le député Mohamed Ayib Daffé et le directeur général de la SN HLM, Bassirou Kébé, il a affirmé que « l’histoire donne raison » au Premier ministre Ousmane Sonko, qui avait déjà alerté sur ces dérives.
Face à ces accusations, l’Alliance pour la République (APR) a vivement réagi, dénonçant une instrumentalisation politique. « Ce rapport, nous le rejetons dans sa forme, son fond et sa finalité », a martelé Aïssata Tall Sall, présidente du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal et ancienne ministre sous Macky Sall.
Dans le même sillage, l’ex-ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour, accuse le pouvoir de vouloir masquer son « inaction » en agitant des scandales financiers. « Ils cherchent à justifier leur échec par des audits sélectifs », a-t-il dénoncé.
Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a annoncé que des poursuites seront engagées contre les auteurs présumés des malversations. Selon lui, les faits retenus vont de la « falsification de documents » au « détournement de deniers publics » en passant par le « blanchiment de capitaux » et « l’enrichissement illicite ».
Plusieurs personnalités, parmi lesquelles d’anciens ministres, directeurs généraux et comptables, sont dans le viseur de la justice.
Le rapport de la Cour des comptes met en lumière des pratiques financières alarmantes. L’encours total de la dette publique s’élèverait à 18.558,91 milliards de francs CFA, soit 99,67 % du PIB, un chiffre largement supérieur aux déclarations officielles.
L’audit révèle également des « anomalies dans la gestion des recettes », des « surfinancements » impactant la trésorerie de l’État et des « transferts de crédits non conformes aux règles de l’UEMOA ».
Alors que la polémique enfle, les regards sont désormais tournés vers la justice, appelée à trancher cette affaire qui secoue la sphère politique sénégalaise.
Article écrit par : Aminata Gueye.
Mis en ligne : 15/02/2025
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