Depuis quelques mois, une nouvelle équipe de jeunes ingénieurs, surnommés les « Muskovites », a attiré l’attention des médias et des observateurs politiques aux États-Unis. Ces jeunes adultes, souvent âgés de 19 à 25 ans, ont été recrutés par Elon Musk pour intégrer la Commission à l’efficacité gouvernementale (DOGE) afin de réformer le système fédéral américain, notamment en matière de dépenses et de gestion des ressources. Leur profil, leur manque d’expérience et leur proximité avec Musk soulèvent des questions sur les motivations derrière cette initiative et les implications politiques qu’elle entraîne.
Ces ingénieurs, souvent décrits comme des surdoués de l’informatique, ont tous en commun d’être de fervents admirateurs d’Elon Musk, qu’ils considèrent comme un modèle. Leur arrivée au sein de la Commission a d’abord été discrète, mais après la révélation de leurs noms dans la presse, une vague de critiques a émergé. Certains, comme Luke Farritor et Gavin Kliger, ont un passé impressionnant dans la technologie, mais leur manque d’expérience dans les affaires gouvernementales soulève des doutes sur leur capacité à gérer des systèmes aussi complexes et sensibles que ceux des agences fédérales américaines.
Le projet de Musk pour réformer le gouvernement fédéral repose sur l’idée de réduire drastiquement les dépenses en révisant les systèmes informatiques des agences. Ces ingénieurs ont été chargés d’implémenter des outils d’intelligence artificielle pour repérer les inefficacités. Toutefois, cette approche s’apparente davantage à une prise de contrôle technocratique qu’à une simple réorganisation administrative. Ce groupe de jeunes techniciens semble incarner une vision de l’État qui privilégie l’expertise technique et l’entrepreneuriat, au détriment de la politique traditionnelle et des processus démocratiques.
Les ambitions de Musk se heurtent néanmoins à une résistance de plus en plus forte. Plusieurs recours judiciaires ont été engagés pour stopper les coupes dans les effectifs de certaines agences comme l’USAID et pour suspendre l’accès aux systèmes sensibles, comme celui du Trésor américain. La Maison-Blanche a, de son côté, insisté sur le fait que les membres du DOGE avaient été soumis aux mêmes vérifications de sécurité que les autres employés fédéraux, bien que des interrogations persistent quant à leur niveau d’habilitation. En outre, certains membres du DOGE ont un passé qui soulève des préoccupations, comme Edward Coristine, qui a été accusé de fuites d’informations sensibles dans une entreprise précédente.
Face à ces tensions, les critiques se multiplient, qualifiant cette initiative de « coup d’État technocratique ». Des figures politiques comme le sénateur Ron Wyden et la représentante Alexandria Ocasio-Cortez ont dénoncé ce qu’elles considèrent comme une concentration de pouvoir entre les mains d’une élite technologique qui contourne les structures démocratiques. Dans un contexte de méfiance grandissante envers les grandes entreprises et les milliardaires, l’ascension de Musk à un rôle aussi influent dans le gouvernement américain semble inaugurer une nouvelle ère où la frontière entre le privé et le public devient de plus en plus floue. En s’appuyant sur des jeunes talents, Elon Musk transforme l’État fédéral en un laboratoire d’expérimentations technocratiques, avec des conséquences qui restent à voir.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Fatimata Sall.
Mis en ligne : 15/02/2025
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