Le 28 février 2025, l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S&P) a abaissé la note souveraine à long terme du Sénégal, passant de « B+ » à « B », tout en maintenant une perspective négative. Cette révision, qui survient dans un contexte économique incertain, met en lumière des préoccupations croissantes sur la gestion des finances publiques du pays.
L’alerte intervient après la révision à la hausse des chiffres de la dette publique et des déficits budgétaires des quatre dernières années. Selon S&P, la dette publique du Sénégal atteindrait désormais 106 % de son PIB en 2024, bien au-delà des prévisions antérieures. Un niveau alarmant qui accentue les craintes sur la capacité du pays à maintenir une trajectoire budgétaire viable.
Cette annonce survient dans un contexte déjà tendu. Un audit des comptes publics mené en 2024, à la demande du président Bassirou Diomaye Faye, avait révélé des écarts importants dans les données financières sous l’administration précédente. Les déficits budgétaires, initialement estimés à 5,5 % du PIB entre 2019 et 2023, ont été révisés à 10,4 %, tandis que la dette publique a atteint près de 100 % du PIB en 2023, selon la Cour des comptes. Ces révélations ont affaibli la crédibilité économique du Sénégal sur les marchés internationaux, ce qui a entraîné une augmentation des primes de risque et des coûts d’emprunt.
S&P ne manque pas de souligner les défis qui attendent le pays. Bien que des perspectives de croissance soient attendues, notamment grâce à l’exploitation du champ pétrolier de Sangomar, entré en production en juin 2024, les déficits budgétaires devraient rester élevés, autour de 6,5 % du PIB en moyenne entre 2025 et 2028. Le remboursement des Eurobonds, qui atteindra son apogée entre 2025 et 2026, ajoutera une pression supplémentaire sur les finances publiques. Par ailleurs, les réformes fiscales envisagées, incluant des hausses d’impôts et une réduction des exonérations, pourraient rencontrer des résistances sociales et politiques.
Cependant, S&P reconnaît qu’une série de mesures correctives vigoureuses pourrait permettre de stabiliser la situation. La croissance économique, qui devrait atteindre 10 % en 2025, portée par les secteurs pétrolier et minier, notamment l’or, constitue un facteur d’espoir. Mais l’agence reste prudente, soulignant que toute consolidation budgétaire trop lente ou un accès limité aux financements extérieurs pourrait entraîner une nouvelle dégradation de la note souveraine du pays.
Article écrit par : Badara Tall.
Mis en ligne : 01/03/2025
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