La situation migratoire en Mauritanie prend une tournure explosive. Samedi, des migrants sur le point d’être expulsés vers le Mali ont incendié un poste de police à Gogui, localité frontalière située au sud-est du pays. Selon des sources sécuritaires et administratives, les personnes concernées ont d’abord attaqué le bâtiment à coups de pierres avant d’y mettre le feu.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, bien que non authentifiées par l’AFP, montrent l’intervention des forces de l’ordre qui ont utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser la foule.
Depuis plusieurs jours, la Mauritanie mène une vaste campagne d’arrestations et de refoulements de migrants en situation irrégulière. Cette opération, qui suscite une vive polémique sur les réseaux sociaux et auprès des ONG, est justifiée par les autorités comme une « routine des services de sécurité ».
Jeudi dernier, lors d’une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement, Houssein Ould Meddou, a précisé que les migrants sont refoulés vers les postes frontaliers par lesquels ils sont entrés dans le pays. Sans préciser le nombre de personnes concernées, il a affirmé que la Mauritanie joue un rôle clé dans la lutte contre l’immigration clandestine et le démantèlement des réseaux de trafic de migrants.
« Rien que la semaine dernière, nous avons démantelé quatre réseaux de trafic de migrants dont les membres sont issus de cinq nationalités », a-t-il ajouté, dénonçant les passeurs qui exposent les migrants à des traversées maritimes périlleuses vers l’Europe.
Face à cette vague d’expulsions, des voix s’élèvent pour dénoncer les conditions dans lesquelles elles sont menées. L’activiste Kory Sneïba, de l’association SOS Esclaves, a exhorté les autorités à garantir le respect des droits fondamentaux des migrants. « Nous estimons que ces migrants ne doivent pas être arrêtés dans des conditions inhumaines », a-t-il déclaré, appelant à une procédure plus respectueuse de la dignité humaine.
De son côté, le ministère des Maliens Établis à l’Extérieur a confirmé dans un communiqué l’arrivée de nombreux ressortissants maliens au poste frontalier de Gogui depuis le 2 mars. Il assure qu’une prise en charge est en cours en collaboration avec les autorités des deux pays et appelle les migrants au calme.
En signe de protestation, plusieurs associations maliennes ont appelé à un rassemblement lundi matin devant l’ambassade de Mauritanie à Bamako. La situation demeure tendue, avec un risque d’escalade entre migrants refoulés et forces de l’ordre.
Article écrit par : Fatoumata Diop
Mis en ligne : 09/03/2025
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