La petite phrase du secrétaire d’État américain Marco Rubio, prononcée hier soir, fait les gros titres ce matin. À Djeddah, en Arabie saoudite, après plus de huit heures de négociations, Washington et Kiev ont trouvé un terrain d’entente : les États-Unis s’engagent à reprendre immédiatement leur aide militaire et de renseignement à l’Ukraine, tandis que cette dernière accepte une trêve d’un mois. L’accord sera soumis à Moscou dans les jours à venir. Désormais, tous les regards sont braqués sur le Kremlin.
« Tous les regards sont tournés vers Moscou », titre ainsi The Guardian à Londres. Le quotidien britannique souligne un « véritable tournant » après les tensions entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à la Maison Blanche. « Pour la première fois, la Russie est invitée à s’engager », analyse le journal.
« Vladimir Poutine est maintenant dos au mur », estime Die Welt à Berlin. « Les États-Unis proposent un cessez-le-feu complet, une offre difficile à refuser sans subir de lourdes conséquences diplomatiques ». Le quotidien allemand met en lumière un passage clé du communiqué conjoint américano-ukrainien : « Le cessez-le-feu d’un mois devra être accepté et appliqué par la Russie ».
Washington prévient : tout refus de Moscou serait perçu comme un obstacle à la paix. « S’ils refusent, nous saurons qui bloque les discussions », a déclaré Marco Rubio. Une mise en garde claire adressée au Kremlin.
Moscou va-t-il accepter l’offre ? Le Washington Post reste prudent. De son côté, Der Spiegel à Berlin estime que Poutine n’a « aucun intérêt à relâcher la pression sur l’Ukraine avant d’avoir atteint ses objectifs ». Le magazine allemand s’interroge : « Le Kremlin va-t-il rejeter l’accord ? Gagner du temps ? Ou feindre l’adhésion pour mieux torpiller la trêve ? »
Sur le terrain, la mise en œuvre du cessez-le-feu s’annonce complexe. « Peut-on réellement faire respecter une trêve sur plus de 1 000 km de front, de la mer Noire à la frontière biélorusse ? », s’interroge Der Spiegel.
El Pais à Madrid partage ces doutes : « La vraie valeur de cet accord se mesurera à l’attitude de la Maison Blanche face au Kremlin. Trump fera-t-il des concessions pour convaincre Poutine ? », s’interroge le quotidien espagnol. Il rappelle que jusqu’ici, l’administration américaine a souvent adopté une posture conciliante envers Moscou.
En Europe, les interrogations fusent. Le Soir à Bruxelles exprime son scepticisme : « Comment garantir l’application de cette trêve ? Et surtout, que faire si Moscou ne respecte pas ses engagements ? » Le quotidien belge rappelle les accords de Minsk en 2019, restés lettre morte avant l’invasion russe de 2022.
Enfin, Le Devoir à Québec identifie trois inconnues majeures : « La Russie respectera-t-elle cet accord ? L’Ukraine pourra-t-elle compter sur une force européenne pour veiller à son application ? Et qu’adviendra-t-il des territoires occupés par la Russie ? »
En acceptant de négocier un cessez-le-feu sous l’égide de Washington, Kiev prend un risque. « Si l’accord implique des concessions territoriales importantes, il pourrait renforcer l’agresseur au détriment de la victime, et provoquer un rejet massif du peuple ukrainien », prévient Le Devoir.
L’accord de Djeddah marque un tournant, mais soulève autant d’espoirs que d’incertitudes. Désormais, la réponse de Moscou sera déterminante pour la suite du conflit.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 12/03/2025
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