C’est l’image du jour, celle qui barre les unes des grands quotidiens à travers le monde : un homme souriant, les mains jointes, le regard levé vers une foule en liesse place Saint-Pierre. Léon XIV, tout juste élu pape, incarne un tournant symbolique pour l’Église catholique. Premier pape américain de l’Histoire, Robert Prevost — ou « Bob » pour ses proches — s’installe sur le trône de Saint-Pierre avec une promesse : celle de bâtir des ponts dans un monde religieux fracturé.
Le Washington Post salue le choix d’un homme « connu à Rome comme le ‘Yankee latin’ », en référence à ses longues années de mission au Pérou. Le quotidien met en avant sa double appartenance culturelle, son espagnol impeccable et son engagement de terrain auprès des plus marginalisés.
Pour le journal américain, cette élection marque une tentative stratégique de l’Église de rassembler au-delà des frontières : « Son ascension, en tant qu’Américain polyglotte doté d’une expérience internationale, marque une tentative de l’Église catholique de trouver un terrain d’entente à une époque de profondes divisions internes. »
Le New York Times, quant à lui, donne la parole à ceux qui l’ont côtoyé dans sa vie d’avant. « Bob, c’est un homme de cœur, proche des gens », témoigne le père Hagan, ami de longue date. Une simplicité qui tranche avec la solennité du rôle papal, mais qui semble déjà conquérir les fidèles.
C’est au Pérou que Léon XIV a forgé son engagement pastoral. Là-bas, la presse salue unanimement cette élection. Le quotidien Expreso rapporte les mots de sœur Margarita Flores, religieuse dans le diocèse de Chiclayo : « Il était simple, il marchait avec nous, il comprenait nos besoins. » L’image d’un pape enraciné dans la réalité du terrain, loin des fastes du Vatican, prend ici tout son sens.
En Afrique, l’émotion est plus nuancée. Le continent, qui espérait un pape noir, devra encore patienter. « Un pape Noir ? Il faudra revenir ! », titre Ledjely en Guinée, non sans une pointe d’amertume. Le journal reconnaît néanmoins que la stature internationale de Léon XIV, en particulier son expérience dans les zones dites périphériques, suscite espoir et respect : « Son parcours missionnaire le rend sensible aux réalités des pays du Sud. »
Wakatsera, au Burkina Faso, pose la question avec ironie : « La fumée était-elle trop blanche pour que le pape soit noir ? » Mais le journal tempère : l’enthousiasme reste vif dans les églises africaines, qui continuent d’attirer les fidèles, contrairement à celles d’Europe.
En Italie, la pilule est amère. « Encore battus », titre La Repubblica, qui rappelle que le cardinal Pietro Parolin, diplomate reconnu et favori des pronostics, semblait tenir la corde. Mais Rome s’incline : « C’est un homme du consensus qui a été élu. »
Du côté français, Libération souligne la continuité avec le pontificat de François : « Le Vatican change de pape, pas de cap. » Même tonalité dans La Croix, qui y voit une confirmation du virage pris vers une Église « ouverte, multiculturelle et missionnaire ».
L’élection de Léon XIV ne constitue pas seulement une page d’histoire : elle envoie un signal au monde catholique. Celui d’un retour aux sources évangéliques, de la proximité avec les exclus, mais aussi d’un ancrage global, au-delà des frontières traditionnelles du pouvoir ecclésiastique. Un pape d’Amérique, pour une Église du monde.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 09/05/2025
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