La presse muselée par le pouvoir : Élections au Burundi - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Coumba Sagna | Publié le 08/06/2025 04:06:20

La presse muselée par le pouvoir : Élections au Burundi

Le Burundi, autrefois salué comme un modèle de liberté de la presse dans la région des Grands Lacs, semble aujourd’hui bien loin de cette époque. À l’occasion des élections législatives et communales du jeudi 5 juin 2025, les autorités ont imposé un contrôle sans précédent sur les médias nationaux. Un verrouillage méthodique de l’information qui illustre le tournant autoritaire que connaît le pays.

Au total, 30 radios, 7 télévisions et une trentaine de médias de la presse écrite et en ligne avaient été regroupés dans une synergie unique pour couvrir les scrutins. Mais derrière cette façade d’unité, c’est une opération de contrôle massif de l’information qui s’est mise en place.

La couverture des élections a été entièrement supervisée par une commission dirigée par un haut responsable du ministère de la Communication. Ce dernier a lui-même sélectionné les présentateurs et les quelque 300 journalistes envoyés sur le terrain.

Chaque contenu – qu’il s’agisse de reportages radio, de sujets télévisés ou de simples publications sur les réseaux sociaux – devait passer entre les mains d’une rédaction centrale, habilitée à censurer tout élément jugé sensible. Et elle ne s’en est pas privée.

Un journaliste burundais, qui a requis l’anonymat pour sa sécurité, témoigne :

« Il y a des irrégularités qui ont été rapportées sur le terrain. Des journalistes ont essayé de faire leur travail avec rigueur, mais ils ont été systématiquement bloqués. On signalait des faits, on les constatait sur place, mais la rédaction centrale refusait de les publier. »

Officiellement, les médias locaux ont assuré que le vote s’est déroulé sans accroc. Mais selon plusieurs témoignages concordants recueillis hors des canaux officiels, la réalité est toute autre : bourrages d’urnes, votes multiples, pressions sur les électeurs, et obligation de voter pour les candidats du parti au pouvoir – autant de dérives passées sous silence.

« Aujourd’hui, nous sommes complètement muselés », confie un autre journaliste. La profession vit désormais sous étroite surveillance, loin de l’époque où la presse burundaise faisait figure de référence dans la sous-région.

Ce verrouillage médiatique s’inscrit dans une stratégie plus large d’étouffement de la société civile au Burundi, où la liberté d’expression et le pluralisme politique sont de plus en plus restreints. Un constat alarmant pour un pays qui, il y a une décennie à peine, incarnait encore l’espoir démocratique dans une région souvent marquée par les tensions politiques.

Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 08/06/2025

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