Les images de manifestants pacifiques à Los Angeles, brandissant des pancartes contre la politique migratoire de Donald Trump, côtoient celles de voitures incendiées et d’affrontements avec les forces de l’ordre. Ces scènes ont dominé les unes de la presse internationale ce lundi 9 juin.
Dimanche 8 juin, le président américain a ordonné le déploiement de la Garde nationale dans le but de rétablir l’ordre. Cependant, cette décision semble avoir exacerbé les tensions. Selon le Los Angeles Times, « les forces de l’ordre ont été confrontées à des manifestants hier après-midi dans le centre-ville de Los Angeles, suite à l’arrivée des troupes de la Garde nationale, envoyées à la demande du président Trump. »
Le Boston Globe renchérit en affirmant que « les manifestations s’intensifient à Los Angeles après le déploiement par Trump de centaines de soldats de la Garde nationale. » Par ailleurs, le Washington Post rapporte que « le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a officiellement demandé à l’administration Trump d’annuler le déploiement des troupes de la Garde nationale dans le comté de Los Angeles, le qualifiant d’« illégal ». »
Le New York Times souligne que le véritable problème réside dans l’utilisation de l’armée. « La Garde nationale est généralement déployée dans les villes américaines en cas de situations d’urgence, telles que les catastrophes naturelles et les troubles civils, ou pour soutenir les crises de santé publique, lorsque les autorités locales ont besoin de ressources ou de personnel supplémentaire, » explique le journal. Cependant, rien n’indique que cela ait été nécessaire ou souhaité à Los Angeles ce week-end, où les forces de l’ordre locales ont, pour l’essentiel, maîtrisé les manifestations contre les raids fédéraux en matière d’immigration. « L’ordre du président Trump est fondé sur de faux prétextes et il est déjà en train de créer le chaos qu’il était censé prévenir, » ajoute le New York Times.
Le journal se demande également : « Où sont les limites ? Un président peut-il ordonner à des troupes de combat de répondre à ses caprices ? Et en fin de compte, à qui et à quoi sert l’armée américaine ? Au public américain ou à l’agenda politique du président ? »
Le New York Post, quotidien conservateur proche de la présidence, offre une analyse différente : « Jusqu’à quel point les démocrates auraient-ils laissé aller les émeutes de Los Angeles si Trump n’avait pas envoyé la Garde nationale ? » s’interroge le tabloïd. « Le fait est qu’un président démocrate (Joe Biden) a fait entrer (durant son mandat) 10 millions de migrants illégaux dans le pays, et que la nation a réagi en élisant Trump pour renvoyer ces masses chez elles, en commençant par les criminels et ceux qui ont épuisé leurs droits à rester dans le pays. Mais de Newark à New York, de Chicago à Los Angeles, les démocrates prêchent l’anarchie, prétendant que les agents de l’immigration n’ont aucun droit légal d’arrêter les personnes en situation irrégulière, » poursuit le New York Post.
La presse européenne, quant à elle, est plutôt critique. Pour le Süddeutsche Zeitung à Munich, « Trump joue désormais avec le feu, car les agents en uniforme déployés à ses côtés ne contribueront guère à apaiser la situation. De plus en plus d’Américains sont consternés par le traitement réservé par le gouvernement aux immigrants considérés comme illégaux, alors même que nombre d’entre eux vivent, travaillent et paient des impôts aux États-Unis depuis des années, voire des décennies. »
Le quotidien allemand ajoute que « Trump cherche également à affronter les dirigeants californiens, car cette région, la plus importante du pays, est gouvernée par les démocrates. Il veut démontrer, comme il a tenté de le faire après les incendies de janvier, que les démocrates ne savent pas gérer leur territoire. D’autant que le gouverneur Newsom, qui prendra sa retraite après les élections de 2026, pourrait bien se présenter à la présidence en 2028. »
Enfin, pour le Guardian à Londres, Trump fait diversion. « Les manifestations (à Los Angeles) contre les raids des services de l’immigration lui offrent un front qui focalise la colère, la haine et la peur, détournant ainsi les critiques de son action vers un soi-disant « ennemi intérieur ». Trump est passé maître dans l’art de la diversion et, à l’aide d’images sordides de droite, il cherche à détourner l’attention de ses échecs politiques et de sa querelle avec Elon Musk. »
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 09/06/2025
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