Le projet de loi de finances rectificative 2025 du Sénégal prévoit un déficit budgétaire révisé à 7,82 % du PIB, en hausse par rapport aux 7,08 % initialement annoncés. Cette révision s’explique par une baisse des recettes publiques et une réduction du PIB nominal, dans un contexte économique mondial difficile. Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus inquiétante : la vulnérabilité chronique du Sénégal face aux diktats des institutions internationales, en particulier du Fonds monétaire international (FMI). Ce constat appelle à une remise en question radicale de notre modèle économique.
Depuis des décennies, le Sénégal s’en remet au FMI pour combler ses déficits, refinancer sa dette et sécuriser ses équilibres macroéconomiques. Pourtant, cette dépendance a un prix : celui de notre souveraineté économique. En 2024, le FMI a suspendu les décaissements de son programme avec le Sénégal à la suite d’une mauvaise communication sur les chiffres réels de la dette et du déficit public.
L’audit révélant que le déficit budgétaire du Sénégal a dépassé 10 % entre 2019 et 2023, soit plus du double des chiffres officiellement annoncés à l’époque, est un scandale d’État. Non seulement ces dissimulations ont entamé la crédibilité du pays sur les marchés financiers, mais elles ont également provoqué la colère du FMI, qui exige désormais plus de transparence avant toute reprise de coopération. Résultat : le gouvernement se retrouve asphyxié, incapable de mobiliser les fonds nécessaires pour ses projets prioritaires.
Premièrement, la suspension des décaissements du FMI constitue une alerte rouge pour notre économie. Cette décision risque d’aggraver les tensions budgétaires, de retarder les investissements publics essentiels (éducation, santé, infrastructures), et d’alourdir les charges sociales pesant déjà sur les populations.
Deuxièmement, l’obsession du gouvernement pour satisfaire les critères du FMI pousse à des politiques d’austérité contre-productives. L’orthodoxie budgétaire imposée nuit à toute stratégie de relance économique endogène.
Troisièmement, cette crise montre l’urgence de diversifier nos sources de financement. Le Sénégal ne peut plus continuer à tendre la main au FMI, à la Banque mondiale ou aux bailleurs bilatéraux pour chaque projet structurant. Il est temps de miser sur des partenariats sud-sud, les marchés régionaux, la mobilisation de l’épargne intérieure, et l’innovation fiscale équitable.
Des pays comme le Rwanda ou l’Éthiopie ont su réduire leur dépendance au FMI grâce à des réformes structurelles courageuses et à une gestion rigoureuse de leurs finances publiques. Pourquoi pas nous ? Tant que nous continuerons à dissimuler la vérité sur nos finances pour « plaire » aux bailleurs, nous resterons prisonniers d’un système de tutelle économique postcolonial.
Le Sénégal doit sortir de cette spirale de dépendance et de dissimulation. Le déficit budgétaire ne sera jamais comblé tant que notre gouvernance reste opaque et que nos choix économiques sont dictés de l’extérieur. Cette nouvelle révision du déficit n’est pas un simple ajustement technique : c’est un signal fort que notre souveraineté budgétaire est en danger. On doit reprendre le contrôle de nos finances, dire non aux injonctions du FMI et construire une économie sénégalaise libre, responsable et tournée vers l’intérêt des citoyens.
Refusons la mise sous tutelle économique ! Il faut exiger des audits citoyens indépendants, des réformes fiscales justes, et une stratégie de financement autonome. L’avenir du Sénégal ne doit plus se négocier à Washington.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Oumar Kane.
Mis en ligne : 28/06/2025
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