Un sabotage institutionnel : Grève des travailleurs de la justice - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 29/06/2025 03:06:00

Un sabotage institutionnel : Grève des travailleurs de la justice

La semaine du 23 juin 2025 a été marquée par une nouvelle grève des travailleurs de la justice au Sénégal. Après 72 heures de débrayage, les syndicats SYTJUST et UNTJ ont décrété une reconduction de 48 heures, traduisant leur détermination face au silence des autorités. Mais si les revendications liées aux conditions de travail peuvent être entendues, la grève des travailleurs de la justice soulève des inquiétudes bien plus profondes sur l’impact de ces mouvements répétés sur le fonctionnement des institutions judiciaires et sur les droits des justiciables.

Depuis plusieurs années, la grève des travailleurs de la justice est devenue un outil de pression récurrent. Cependant, dans un pays où l’accès à la justice est déjà un parcours du combattant pour bon nombre de citoyens, chaque jour de grève signifie un report d’audience, un retard dans les décisions ou une prolongation injuste de détention provisoire. À long terme, la grève des travailleurs de la justice n’affecte pas seulement l’administration : elle affaiblit l’autorité même de l’institution judiciaire, déjà perçue comme lente et peu accessible.

Le droit de grève est indiscutable. Mais il ne saurait se faire sans considération pour les missions de service public essentielles. La grève des travailleurs de la justice, en bloquant les juridictions sur l’ensemble du territoire, met en péril les droits fondamentaux de nombreux citoyens, notamment les plus vulnérables. Familles en attente de décisions, prévenus sans procès, conflits civils gelés : les victimes collatérales de cette grève se comptent par milliers.

Dans des pays comme le Cap-Vert ou le Ghana, les revendications des agents de la justice sont encadrées par des mécanismes de médiation permanente, évitant les blocages prolongés. Au Sénégal, la grève des travailleurs de la justice semble s’installer comme une méthode habituelle de revendication, sans innovation dans les modes de négociation. Or, une démocratie ne peut tolérer que la justice devienne un otage récurrent de tensions syndicales.

Les syndicats doivent prendre conscience de leur double responsabilité : défendre leurs membres, certes, mais aussi préserver la continuité d’une institution centrale dans la vie démocratique. La grève des travailleurs de la justice, lorsqu’elle devient chronique, perd de sa force symbolique et finit par nuire à la cause qu’elle prétend servir. Le slogan « Pas de justice sans justice pour les travailleurs de la Justice » ne doit pas faire oublier qu’il n’y a pas non plus de justice… sans justiciables.

L’État et les syndicats de la justice doivent trouver un terrain d’entente structuré et efficace. Car la grève des travailleurs de la justice, telle qu’elle est menée actuellement, affaiblit les fondements même de la confiance citoyenne. Défendre les droits des agents ne doit jamais se faire au détriment de l’intérêt public. La justice mérite mieux que la paralysie.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Yacine Tall.
Mis en ligne : 29/06/202
5

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

1 commentaires
Sora
Défendre les droits des agents ne doit jamais se faire au détriment de l’intérêt public BIEN DIT
Le 2025-06-29 16:27:19

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

1 commentaires
Sora
Défendre les droits des agents ne doit jamais se faire au détriment de l’intérêt public BIEN DIT
Le 2025-06-29 16:27:19

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top