L’influence croissante de l’Ong Jamra et de son vice-président Mame Mactar Gueye met en lumière une structure hyperactive, omniprésente dans les médias et engagée contre ce qu’elle considère comme des déviances sociales et culturelles. Si ce constat peut impressionner de prime abord, il est urgent d’en décortiquer les ressorts. Car derrière le vernis de la ferveur religieuse et du souci moral se cachent des combats erronés, des prises de position rétrogrades et une volonté de contrôle idéologique alarmante. Oui, il faut s’inquiéter de l’Ong Jamra, non pour sa puissance, mais pour l’orientation dangereuse de ses interventions.
Depuis quelques années, l’Ong Jamra a su se positionner comme une sorte de vigie autoproclamée de la morale sénégalaise. Elle se mêle de tout : vêtements d’artistes, dialogues de séries télévisées, orientations sexuelles, pratiques ésotériques supposées. Elle prétend défendre des « valeurs », mais ce qu’elle impose en réalité, c’est une lecture unique, rigide, conservatrice et surtout intolérante de la société.
Mame Mactar Gueye, grande gueule assumée, s’érige en gardien autoproclamé de la morale. Mais à y regarder de plus près, son ONG semble surtout guidée par l’envie de pointer du doigt, de dénoncer, de faire taire. Son obsession pour la franc-maçonnerie, l’homosexualité ou les séries sénégalaises frise la paranoïa culturelle. Cette posture, qui confond foi et police religieuse, dessine les contours d’un projet dangereux : transformer l’espace public en terrain de chasse aux sorcières, où tout écart à une norme islamique autoproclamée devient prétexte à scandale.
Aucun rapport documenté, aucune étude sérieuse ne vient étayer les assertions de l’Ong Jamra. Où sont les preuves que les séries locales « corrompent » la jeunesse ? En quoi les performances artistiques ou les choix vestimentaires des chanteuses sénégalaises mettent-ils en péril l’ordre moral ? L’Ong Jamra ne fonctionne que par l’indignation facile et la généralisation abusive. Son influence s’appuie sur des peurs anciennes et une instrumentalisation de la religion pour museler toute forme de liberté culturelle.
On a vu ailleurs, en Iran, en Afghanistan, en Arabie Saoudite, où mène ce genre de logique : à la répression de la création, à la criminalisation des différences, à la peur permanente de la transgression. Jamra, sans en avoir la brutalité, emprunte des sentiers similaires. Le Sénégal, longtemps cité comme exemple de tolérance et d’ouverture, ne peut se permettre cette régression.
Jamra n’est pas une ONG morale, c’est une machine à juger. À force de multiplier les sorties tapageuses, elle tente d’imposer son agenda idéologique à toute une société. Ses combats ne reposent sur aucune base crédible, mais sur des biais et des peurs culturelles. L’heure n’est pas à laisser prospérer ce type de discours, mais à les déconstruire.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mamy Diouf.
Mis en ligne : 30/06/2025
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