Le 29 juin 2025, lors de l’examen de la Loi de finances rectificative, le ministre des Finances, Cheikh Diba, a révélé que l’État du Sénégal a injecté pas moins de 15,7 milliards de francs CFA dans Air Sénégal en l’espace de deux mois. Une somme vertigineuse, déversée sans débat public ni exigence de résultats concrets, dans une entreprise qui incarne aujourd’hui le symbole de l’inefficacité et de la mauvaise gouvernance.
Alors que le pays est confronté à des urgences sociales criantes, hôpitaux débordés, écoles délabrées, routes impraticables, chômage galopant des jeunes, les nouvelles autorités choisissent de prioriser le sauvetage d’une compagnie aérienne qui accumule échecs et scandales. Créée en 2016, Air Sénégal a déjà vu défiler cinq directeurs généraux, preuve d’une instabilité chronique à sa tête, doublée de pertes financières abyssales et de contentieux à répétition avec ses partenaires.
Injecter près de 16 milliards en deux mois, sans plan de restructuration clair, sans communication transparente sur les objectifs ni évaluation des résultats attendus, c’est faire preuve d’une légèreté budgétaire inquiétante. Cela revient à soutenir un puits sans fond, une entreprise dont les déficits successifs ne font que s’aggraver au fil des années. Le tout au mépris des autres urgences nationales, bien plus structurantes et porteuses pour l’avenir.
Rendement quasi nul : Malgré des années de subventions, Air Sénégal n’a jamais été rentable. L’argent public continue d’être utilisé pour couvrir les pertes au lieu d’investir dans des secteurs qui génèrent des effets multiplicateurs économiques.
Priorités inversées : 15,7 milliards, c’est l’équivalent de plusieurs hôpitaux, de dizaines d’écoles modernisées, ou encore de milliers de microcrédits pour soutenir l’entreprenariat local. Ce choix budgétaire est une gifle aux citoyens ordinaires.
Opacité et improvisation : Aucun audit public n’a été publié sur la situation réelle de la compagnie. Quelle garantie avons-nous que cet argent permettra un redressement durable ?
D’autres pays africains, à l’image de la Tanzanie ou du Rwanda, ont fait le choix d’exiger une rentabilité mesurable avant d’injecter des ressources publiques dans leurs compagnies aériennes. D’autres, comme le Burkina Faso, ont tout simplement décidé de ne pas se lancer dans cette aventure hasardeuse, préférant renforcer leurs compagnies de transport terrestre et leurs infrastructures de base.
Le choix de maintenir sous perfusion une compagnie déficitaire, sans cap ni réforme structurelle, relève de l’inconscience politique. Il faut regarder en face les échecs d’Air Sénégal et cesser de sacrifier les besoins fondamentaux du peuple sur l’autel du prestige national mal placé.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Nelson Ba.
Mis en ligne : 01/07/2025
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