L’assassinat de Melissa Hortman, élue démocrate du Minnesota, et de son mari, ainsi que la tentative d’assassinat du sénateur John Hoffman, constituent une tragédie, survenue le 14 juin dernier. Le gouverneur Tim Walz n’a pas mâché ses mots en qualifiant cet acte de « violence politique ». Et il a raison. Cette attaque ciblée ne doit pas être perçue comme un incident isolé, mais comme le symptôme d’un mal profond qui ronge la démocratie américaine. Il faut dénoncer la montée incontrôlée de la violence politique aux États-Unis et l’incapacité des responsables à restaurer un dialogue apaisé et respectueux dans l’espace public.
Depuis plusieurs années, les États-Unis connaissent une recrudescence d’actes violents motivés par des opinions politiques. Des fusillades dans des locaux de partis, des menaces en ligne contre des élus, des manifestations armées, voire des tentatives d’assassinat : tout cela devient une normalité.
En 2022, le mari de Nancy Pelosi avait été violemment agressé. En 2024, Donald Trump a été la cible d’une tentative d’assassinat. Et aujourd’hui, une élue et son mari sont tombés sous les balles d’un homme déguisé en policier.
L’attaque visant Melissa Hortman et John Hoffman ne peut être dissociée du climat délétère qui prévaut actuellement. Le suspect, identifié comme Vance Boelter, a laissé derrière lui une fausse voiture de police contenant des noms de responsables politiques : un détail glaçant qui évoque une liste noire. L’homme, encore en fuite, semble s’inscrire dans une logique de haine planifiée. Cette violence politique aux Etats-Unis n’est pas née du hasard. Elle s’enracine dans un terreau fertile alimenté par des discours incendiaires, une polarisation extrême et un affaiblissement progressif des garde-fous démocratiques.
Premièrement, les discours politiques aux États-Unis sont devenus trop souvent belliqueux, empreints de mépris et de déshumanisation de l’adversaire. Des leaders, de tous bords, emploient un vocabulaire guerrier, jouent sur les peurs et jettent l’opprobre sur l’autre camp. Ce langage contribue à une perception manichéenne où l’adversaire n’est plus un opposant, mais un ennemi à abattre.
Deuxièmement, l’État semble dépassé. Où est la stratégie nationale pour prévenir la radicalisation politique ? Où sont les programmes éducatifs pour réapprendre le débat démocratique ? Comment expliquer que l’on puisse circuler avec une voiture de police factice en plein jour et commettre un double assassinat sans interception ?
Troisièmement, ce climat de violence engendre la peur chez les élus, qui hésitent désormais à se montrer ou à défendre des idées impopulaires. La démocratie est fondée sur le débat, mais ce dernier devient impossible si le coût en est la mort.
En Europe, bien que des tensions politiques existent, de telles violences restent marginales. Même dans des pays confrontés à des mouvements extrêmes, les assassinats politiques sont rares et largement condamnés. L’assassinat de la députée britannique Jo Cox en 2016, par exemple, avait déclenché un sursaut national. Aux États-Unis, au contraire, ces actes semblent s’inscrire dans une sinistre routine, et l’indignation collective s’émousse.
Ce qui s’est passé au Minnesota est inacceptable, mais ce n’est malheureusement pas surprenant. L’Amérique est en train de perdre ce qui fait sa grandeur : la capacité à débattre sans détruire. L’assassinat de Melissa Hortman doit être un électrochoc. Si les dirigeants, tous partis confondus, ne s’unissent pas pour désamorcer les tensions, promouvoir le respect, éduquer à la citoyenneté, et réguler le port d’armes, la violence politique aux Etats-Unis ne fera que croître.
Les citoyens, les institutions, et les leaders politiques doivent prendre leurs responsabilités. Refusons de normaliser cette violence. Exigeons un discours plus digne. Défendons une démocratie qui protège, pas qui tue.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Grace Timéra.
Mis en ligne : 01/07/2025
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