Le Président Bassirou Diomaye Faye, de retour de Séville, a tenu à s’exprimer sur les récentes bavures présumées survenues à Rosso et Cambérène. Dans une déclaration ferme, il a dénoncé des scènes « insoutenables » et promis des enquêtes impartiales ainsi que des sanctions sévères. S’il faut saluer la posture présidentielle sur la forme, il est cependant difficile de ne pas y voir une continuité avec les déclarations creuses du passé. Ce genre de discours, nous l’avons trop souvent entendu sous Macky Sall. Et c’est précisément là que réside le problème.
Le Sénégal a été secoué ces dernières semaines par des interventions policières ayant conduit à la mort de plusieurs citoyens. À Rosso comme à Cambérène, des vidéos virales ont suscité l’indignation générale, montrant une brutalité policière indigne d’un État de droit. Face à cela, le Président a réagi, exprimant son indignation et demandant des enquêtes pour situer les responsabilités.
À la lecture des propos de Bassirou Diomaye Faye, une impression de déjà-vu s’impose. La promesse d’enquêtes « impartiales », la volonté affichée de « situer les responsabilités » et d’« appliquer les sanctions » sont des éléments de langage trop souvent utilisés par les dirigeants précédents pour calmer les esprits… sans jamais vraiment changer les pratiques.
Sous Macky Sall, ce type de déclaration intervenait systématiquement après chaque drame : Binta Camara, Fallou Sène, ou encore les violences postélectorales de 2021. À chaque fois, la même indignation, les mêmes promesses, et pourtant, la violence d’État a persisté, sans que les coupables ne soient réellement punis.
Le pouvoir de Diomaye-Faye s’est construit sur une promesse de rupture radicale avec les méthodes de l’ancien régime. Or, face à des événements aussi graves, ce que le peuple attend, ce ne sont pas des mots bien choisis, mais des actes concrets et immédiats.
Pourquoi les policiers impliqués ne sont-ils pas suspendus à titre conservatoire pendant l’enquête ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu, à ce jour, de publication publique d’un rapport préliminaire ? Où est la transparence annoncée ?
Dans d’autres pays africains en quête de crédibilité démocratique, comme le Ghana ou le Kenya, certaines bavures policières ont entraîné des mesures exemplaires : démissions de hauts responsables, poursuites judiciaires, réforme immédiate des corps de sécurité. Le Sénégal semble englué dans une culture de l’impunité policière.
Il ne suffit plus de condamner. Il faut désormais agir avec cohérence. Si Diomaye Faye veut réellement incarner la rupture, il devra faire preuve de courage politique : épurer la chaîne de commandement, protéger les lanceurs d’alerte internes aux forces de sécurité, et surtout, établir une politique de tolérance zéro face à la brutalité d’État.
Le peuple sénégalais n’a pas élu un nouveau président pour entendre les mêmes refrains qu’avant. Il a élu un homme censé incarner une nouvelle ère, où la dignité humaine prime sur les intérêts corporatistes. Il faut passer des paroles aux actes.
Monsieur le Président, votre parole engage toute une nation. Mais aujourd’hui, elle ne suffit plus. Faites ce que Macky Sall n’a jamais eu le courage de faire : brisez le cercle de l’impunité. Montrez, enfin, que la différence ne se proclame pas. Elle se prouve.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Sarr.
Mis en ligne : 05/07/2025
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