Macky Sall n’est pas coupable : Le Pastef face à son bilan désastreux - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Economie | Par Eva | Publié le 10/10/2025 03:10:30

Macky Sall n’est pas coupable : Le Pastef face à son bilan désastreux

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

L’article de L’Observateur du 7 octobre 2025 révèle une offensive juridique de l’ancien président Macky Sall contre les accusations de « dette cachée » portées par le régime actuel. Si cette manœuvre vise officiellement à défendre son héritage, elle met surtout en lumière une vérité : le gouvernement de Sonko et Faye, incapable de tenir ses promesses, instrumentalise cette affaire pour détourner l’attention de son propre échec. Derrière les grands discours sur la transparence et la moralisation, se cache une stratégie : désigner un bouc émissaire pour justifier l’absence de résultats.

En mars 2024, l’arrivée au pouvoir du tandem Sonko-Faye avait suscité un immense espoir. Portés par un discours de rupture, ils promettaient la moralisation de la vie publique, la création massive d’emplois, et une gestion rigoureuse des finances. Un an et demi plus tard, le bilan est accablant : le Sénégal est devenu le pays le plus endetté d’Afrique, avec une dette publique réévaluée à 119 % du PIB, les agences de notation ont dégradé sa note souveraine à trois reprises, et les partenaires financiers, comme le FMI, ont gelé leurs aides, faute de transparence. Au lieu de réformes structurelles, le gouvernement se contente de brandir l’épouvantail de la « dette cachée » de Macky Sall, comme si cette révélation suffisait à expliquer et à excuser son propre désastre.

Pire, les rapports budgétaires, censés éclairer les citoyens sur l’état réel des finances publiques, sont publiés avec des mois de retard, voire pas du tout. Les Rapports Trimestriels d’Exécution Budgétaire (RTEB), outils clés de la transparence, accusent des retards inédits, violant ainsi le Code de transparence des finances publiques. Pendant ce temps, les promesses électorales emplois, pouvoir d’achat, souveraineté économique restent lettres mortes. Le peuple sénégalais, lui, paie le prix fort : inflation, chômage, et un avenir hypothéqué par une dette pharaonique.

L’offensive juridique de Macky Sall, aussi légitime soit-elle, tombe à point nommé pour le Pastef. En focalisant le débat sur les prétendus méfaits de l’ancien président, le gouvernement actuel évite de rendre des comptes sur son propre bilan. Pourtant, les faits sont têtus :

La dette a explosé sous Sonko et Faye : entre 2024 et 2025, elle est passée de 76 % à 119 % du PIB, un record en Afrique. Comment expliquer une telle dégradation, si ce n’est par une gestion désastreuse ?

Les rapports qui accusent Macky Sall sont ceux que le Pastef refuse de publier : la Cour des comptes a pointé des « anomalies » et des « manquements » dans la gestion des finances… sous le mandat de Macky Sall, mais aussi sous celui de Sonko. Pourquoi le gouvernement actuel cache-t-il les audits sur sa propre période ?

Le FMI lui-même a mis en doute les chiffres du gouvernement : en mars 2025, l’institution a suspendu son programme d’aide, jugeant les données fournies par Dakar incomplètes et peu fiables. Une première dans l’histoire du Sénégal.

Plutôt que de corriger le tir, le Pastef préfère alimenter la polémique et entretenir la confusion. Les « révélations » sur la dette de Macky Sall, présentées comme un scandale sans précédent, servent en réalité à justifier l’absence de résultats. « C’est la faute à l’autre » : voici la seule « réforme » que ce gouvernement ait su mettre en œuvre.

Croissance atone, inflation galopante, dégradation de la note souveraine, fuite des investisseurs. Au lieu de proposer des solutions, le gouvernement préfère désigner un coupable tout trouvé : Macky Sall. Pourtant, c’est bien sous Sonko et Faye que la dette a atteint des sommets, que les rapports budgétaires sont publiés en retard, et que les partenariats avec le FMI ont volé en éclats. Où sont les emplois promis ? Où est la moralisation annoncée ? Où sont les réformes structurelles ? Nulle part. À la place, on nous sert un procès en sorcellerie contre l’ancien président, tandis que les Sénégalais s’appauvrissent.

Le comble de l’hypocrisie ? Le Pastef, qui hurle à la « dette cachée », refuse de publier ses propres comptes. Les rapports de l’Inspection générale des finances sur les dépenses du Premier ministre restent inaccessibles. Les Rapports Trimestriels d’Exécution Budgétaire (RTEB) accumulent les retards, en violation flagrante de la loi. Où est passée la transparence qu’on nous promettait ? Pourquoi les dépenses d’Ousmane Sonko ne sont-elles pas auditées ? Ce gouvernement a t-il quelque chose à cacher ?

Au Mozambique, en 2016, le gouvernement avait aussi brandi une « dette cachée » pour masquer sa propre incompétence. Résultat : une crise économique durable, une perte de confiance des bailleurs, et un pays plongé dans le chaos. Aujourd’hui, le Sénégal reproduit le même scénario. Le Pastef, comme d’autres avant lui, a compris qu’accuser les autres est plus facile que de gouverner.

L’histoire regorge d’exemples où des gouvernements populistes ont utilisé des boucs émissaires pour masquer leur incompétence :

Au Venezuela, Hugo Chávez puis Nicolás Maduro ont passé des années à accuser « l’impérialisme américain » et « les élites corrompues » pour expliquer la faillite de leur pays. Résultat : une hyperinflation, une crise humanitaire, et des millions d’exilés. En Grèce, Syriza avait promis la fin de l’austérité en 2015, avant de se retrouver contraint à des mesures encore plus dures que celles qu’il dénonçait, faute de plan crédible. Au Mozambique, la révélation d’une « dette cachée » en 2016 avait servi de prétexte pour éviter les réformes. Bilan : une crise économique durable et une perte de confiance des investisseurs.

Partout, la recette est la même : promesses mirifiques, désignation de coupables, refus de rendre des comptes. Le Sénégal, aujourd’hui, emprunte ce chemin périlleux.

La « dette cachée » de Macky Sall est un écran de fumée. Derrière ce scandale fabriqué de toutes pièces, se cache une vérité bien plus gênante : le Pastef a échoué. Au lieu de réformes, il offre des polémiques. Au lieu de transparence, il pratique l’opacité. Au lieu de résultats, il propose des boucs émissaires.

Les Sénégalais n’ont pas élu Sonko et Faye pour qu’ils passent leur temps à régler des comptes avec le passé. Ils les ont élus pour qu’ils agissent. Or, un an et demi après leur arrivée au pouvoir, force est de constater que ce gouvernement est incapable de gouverner. Il ne sait que diviser, accuser, et improviser trois ingrédients qui mènent droit dans le mur.

Il faut cesser cette comédie. Le Sénégal a besoin de responsables, pas de pyromanes. De réformes, pas de procès d’intention. De transparence, pas de manipulations. Sinon, le pays risque de payer très cher les illusions d’une « révolution » qui n’en a que le nom.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Balla Diop.
Mis en ligne : 10/10/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top