L’article publié le 17 juillet par Le Monde rapporte une nouvelle charge de Donald Trump contre la presse : le président américain menace de poursuivre The Wall Street Journal (WSJ) pour un article le liant à l’affaire Epstein via une lettre jugée salace. Qualifiant l’article de « faux, malveillant et diffamatoire », Trump se présente en victime d’un complot médiatico-politique. Mais derrière cette stratégie de diversion, c’est encore une fois une tentative de décrédibiliser la presse libre et d’éviter des explications sur un passé embarrassant.
Depuis sa première campagne présidentielle en 2016, Donald Trump s’est érigé en pourfendeur des médias, allant jusqu’à qualifier certains d’entre eux d’« ennemis du peuple ». Sa stratégie est simple : toute information qui lui est défavorable est immédiatement qualifiée de mensongère, biaisée ou commanditée par ses opposants.
Cette méthode, largement utilisée dans les régimes autoritaires, vise à éroder la confiance du public envers les institutions médiatiques. L’affaire Epstein, qui a éclaboussé plusieurs figures influentes, sert ici de catalyseur pour un nouvel épisode de ce combat acharné contre la presse.
L’article du Wall Street Journal, dont Trump conteste la véracité, ne s’appuie pourtant pas sur de simples rumeurs. Il mentionne l’existence d’un livre d’or d’anniversaire pour Jeffrey Epstein, dans lequel figure une lettre signée de Trump, jugée vulgaire et illustrée d’un dessin de femme nue. Le journal indique avoir consulté cette lettre. Plutôt que de réfuter factuellement le contenu ou d’apporter des éléments crédibles à sa défense, Donald Trump préfère s’en prendre à Rupert Murdoch, pourtant longtemps allié politique et médiatique, et menace de poursuites judiciaires.
La réaction disproportionnée de Donald Trump trahit un profond malaise. S’il s’agissait d’une fausse information, pourquoi ne pas se contenter d’un droit de réponse ? Pourquoi engager une campagne de dénigrement publique contre un média réputé, pourtant historiquement proche de ses idées conservatrices ?
La rhétorique de la victimisation est devenue une arme usée du président. Chaque fois qu’il est acculé, il invoque une cabale politique orchestrée par les démocrates. Pourtant, ce sont souvent les faits, les archives et les témoignages qui le rattrapent.
Son insistance à vouloir « publier tous les témoignages » recueillis dans l’affaire Epstein s’apparente plus à une manœuvre de communication qu’à une volonté de transparence. On notera d’ailleurs que de nombreux documents liés à Epstein sont encore classifiés, et leur déclassification dépend d’une procédure judiciaire rigoureuse, loin des effets d’annonce sur les réseaux sociaux.
Trump n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà attaqué CNN en justice pour diffamation, sans succès. À l’international, cette méthode rappelle les pratiques d’autres dirigeants populistes comme Jair Bolsonaro ou Viktor Orbán, qui accusent systématiquement les médias de partialité dès lors qu’ils osent critiquer leur gestion ou leur comportement.
En criant au scandale et en brandissant la menace judiciaire, Donald Trump cherche une nouvelle fois à se poser en martyr du système, tout en détournant l’attention de questions sérieuses. Cette instrumentalisation du terme « fake news » est devenue un outil politique dangereux, sapant la confiance du public envers la presse. Face à cette stratégie, la meilleure réponse reste la vigilance citoyenne et le soutien indéfectible à un journalisme libre, rigoureux et indépendant.
Il faut refuser que la vérité soit définie par ceux qu’elle dérange. Soutenons les médias qui osent enquêter, même (et surtout) lorsqu’ils dérangent les puissants.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Ashley K.
Mis en ligne : 24/07/2025
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