Article opinion écrit par le contributeur : Saliou Kane.
Avec une recrudescence inquiétante de la criminalité, le Sénégal se retrouve plongé dans un débat ardent sur la restauration de la peine de mort. Un fait divers récemment médiatisé a ravivé la flamme des partisans de la peine capitale, même si cette alternative est confrontée à un manque de soutien de la part des acteurs politiques et religieux.
Au-delà de l’émotion et de la colère qui animent ce débat, il est crucial de se poser une simple question, dans quelles conditions la peine de mort pourrait-elle être restaurée ?
Prononcer une condamnation à mort revient à exercer un pouvoir qui se veut divin, en se déclarant dans la position de Dieu pour décréter la culpabilité absolue, sans possibilité d’erreur d’un criminel. Cette démarche revient en somme à revendiquer une forme de justice divine.
Dans l’histoire du Sénégal indépendant, la peine de mort n’a été mise en œuvre que deux fois, provoquant à chaque occasion une onde de choc au sein de la société. Ces exécutions ont suscité un débat profond et ont fait naître des questionnements sur l’humanité de cette pratique. Plus récemment, l’arrestation de Mbayang Diop, une sénégalaise accusée de meurtre en Arabie Saoudite, a également suscité des préoccupations internationales et des appels à la clémence.
Cependant, malgré ces faits, l’application de la peine de mort au Sénégal demeure une solution pour beaucoup de citoyens, dans le but de réduire le taux de criminalité. En l’appliquant, cela dissuaderait les criminels de commettre des actes d’une extrême perversité.
Prenons l’exemple des détenus qui sont actuellement entassés dans les prisons sénégalaises et qui purgent des peines de plus de 20 ans. L’application de la peine de mort pour eux semble être une alternative plus humaine, que de les laisser croupir en prison dans des conditions inhumaines qui tiennent compte d’aucune recommandation des droits de l’hommes. Toutefois, la justice sénégalaise, comme toute justice humaine, ne doit pas risquer de se transformer en une machine à ôter la vie
Le débat doit donc également inclure des discussions sur la réforme du système pénitentiaire et les moyens de réhabiliter les détenus pour les réintégrer dans la société de manière constructive.
En fin de compte, l’expérience dans de nombreux pays à travers le monde a démontré que la peine de mort n’est pas la réponse la plus efficace pour réduire la criminalité. D’autres approches, telles que la réhabilitation des détenus, la prévention du crimes et l’amélioration des systèmes de justice pénale, ont montré de bien meilleurs résultats dans la quête d’une société plus juste et plus sûre.
Le débat sur la restauration de la peine de mort au Sénégal reste donc une question délicate, où l’émotion et la raison se livrent une bataille acharnée pour guider la politique future du pays en matière de justice pénale.
La peine de mort, dans cette optique, s’inscrit uniquement dans une logique de châtiment et de vengeance, au risque d’exposer des innocents à une exécution injuste. Il est impératif de garder à l’esprit que la justice humaine est sujette à l’erreur.
Article opinion écrit par le contributeur : Saliou Kane
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