»Mon frère et ami, le virtuose de la Kora et arrangeur musical hors pair, Toumani Diabaté, nous a quittés. Un ambassadeur du Mali, un ambassadeur de l’Afrique s’en est allé, » a écrit Youssou Ndour, le leader vocal du Super Étoile.
Son compatriote, Omar Pène du Super Diamono, a également exprimé ses condoléances pour la famille et les proches de Toumani Diabaté, qualifié de »musicien malien de renom ». »Il était considéré comme l’un des plus grands artistes de ce continent, » a-t-il écrit sur son compte Facebook.
Le chanteur et musicien malien Salif Keita a décrit Toumani Diabaté, »Le Maestro, » comme un »Trésor national ». »Va en paix, Maestro. Tu as joué ta partition en emmenant la kora et les mélodies du Mandé dans une autre sphère. Mes pensées vont à la famille. Qu’Allah vous apaise et vous fortifie, Madou Sidiki Diabaté, Sidiki Diabaté, » a-t-il exprimé, révélant ainsi sa »grande tristesse » pour la perte de »(son) frère ».
Quant à la diva Oumou Sangaré, elle a rappelé avoir longtemps collaboré avec Toumani Diabaté, évoquant leurs premiers voyages et »cette tournée mémorable en Europe avec l’ensemble Djoliba percussions ». »Ces moments partagés sur scène et en coulisses ont forgé une amitié indéfectible. Toumani m’appelait affectueusement +N’fa Togoma Dèn+, un surnom qui restera gravé dans mon cœur, » dit-elle, se remémorant aussi »leurs échanges riches et profonds » sur leur héritage musical.
»Toumani était un gardien de notre culture, mais aussi un innovateur audacieux qui n’a jamais cessé de repousser les limites de son art. Il était bien plus qu’un virtuose de la Kora. Il était un pont entre nos traditions ancestrales et la modernité, un artiste qui a su porter la voix du Mali aux quatre coins du monde. Sa musique transcendait les frontières, touchant les cœurs par-delà les cultures et les langues, » témoigne Oumou Sangaré.
Elle estime que le monde de la musique a perdu aujourd’hui »l’un de ses plus grands ambassadeurs, » mais que son héritage musical continuera de résonner et d’inspirer les générations futures. Saluant »le génie de cet artiste et sa générosité d’âme, » elle ajoute : »La Kora de Toumani se tait aujourd’hui, mais ses mélodies continueront de vibrer éternellement dans l’âme du Mali et du monde entier ».
Les artistes maliens Cheick Tidiane Seck, Bassékou Kouyaté, joueur de ngoni, ainsi que le chanteur franco-malien et figure de la scène hip hop Mokobé, ont également exprimé leur tristesse après la disparition de Toumani Diabaté. Bassékou Kouyaté se souvient que Toumani Diabaté lui avait montré la voie en 1989 lors de leur première tournée en Europe.
»Les mélodies de Toumani continueront de résonner dans nos cœurs. Que la kora continue de nous rapprocher, de nous apaiser et d’apporter plus de paix dans le monde, » a écrit Ballaké Sissoko, un autre musicien et grande figure de la kora malienne, avec qui Toumani Diabaté a appris à maîtriser cet instrument traditionnel africain. »Nous avons débuté ensemble notre apprentissage de la kora, marchant dans les pas de nos pères et poursuivant leur œuvre avec passion et respect, » se souvient Sissoko.
Une quinzaine d’albums dans sa discographie
Né le 10 août 1965 à Bamako, Toumani Diabaté, considéré comme l’un des plus grands joueurs de kora au monde, est le fils de Sidiki Diabaté, star des années post-indépendances et membre de l’Ensemble instrumental national du Mali, fondé à l’initiative du premier président du pays, Modibo Keïta.
Fils de Nama Koïta et de Sidiki Diabaté, nommé roi de la kora au FESPAC 1977 à Lagos, au Nigéria, Toumani Diabaté commence à jouer de la kora à 5 ans, inspiré par son père et son grand-père Amadou Bansang, selon sa biographie. Tout en restant fidèle à la tradition mandingue de la kora, il a su tracer sa voie en créant un pont entre son héritage familial et des sensibilités d’ailleurs.
Il a enregistré une quinzaine d’albums, dont le premier en 1988 est »Kaira ». Il a aussi enregistré deux albums avec Ali Farka Touré, star de la musique malienne décédée en 2006, »In the heart of the moon » et »Ali et Toumani », tous deux récompensés par un Grammy Award aux États-Unis (2006 et 2010).
Article écrit par : Fatoumata Diop
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