Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita.
Au Sénégal, le graffiti et le street art émergent comme des outils puissants d’expression politique et sociale. Ces formes d’art, autrefois marginalisées, gagnent en influence parmi les jeunes.
Mais comment sont-elles perçues par les autorités et la société ?
Le graffiti et le Street art connaissent un essor remarquable au Sénégal, notamment dans les centres urbains. Ces formes d’expression visuelle, autrefois considérées comme des actes de vandalisme, sont aujourd’hui des moyens pour les jeunes de communiquer des messages politiques et sociaux. Les murs de Dakar, par exemple, se transforment en toiles où s’expriment les frustrations, les espoirs et les revendications d’une jeunesse en quête de changement.
Le graffiti et le street art se sont imposés dans l’espace public sénégalais au début des années 2000, influencés par les mouvements hip-hop et les revendications sociopolitiques. Ces arts urbains sont utilisés pour dénoncer les inégalités, la corruption, ou encore l’injustice sociale. De nombreux jeunes artistes urbains à Dakar affirment utiliser le graffiti pour exprimer des opinions politiques.
Les artistes de rue se sont approprié l’espace urbain pour en faire une plateforme d’expression. Les messages véhiculés varient, allant de la critique des élites politiques à des appels à la conscience sociale. Certains graffitis deviennent des œuvres emblématiques, résonnant avec des mouvements sociaux plus larges, comme les protestations contre la vie chère ou les campagnes pour la justice sociale. Le graffiti s’est ainsi imposé comme un miroir des tensions sociétales qui traversent le Sénégal. Les artistes urbains sont devenus les porte-voix d’une génération qui se sent souvent ignorée par les décideurs politiques.
Cependant, la perception du graffiti et du street art reste ambivalente. Pour une partie de la population, ces formes d’art sont encore perçues comme des actes de vandalisme qui dégradent l’espace public. Les autorités locales en particulier ont une attitude répressive envers ces pratiques. Des campagnes de nettoyage sont régulièrement organisées pour effacer les graffitis des murs des villes.
Ces répressions n’ont pourtant pas réussi à étouffer l’élan créatif des jeunes artistes. Au contraire, elles ont souvent renforcé leur détermination. Pour de nombreux graffeurs, chaque mur effacé est un défi à relever. Ils reviennent, armés de bombes de peinture, pour recréer leurs œuvres, souvent avec des messages encore plus provocateurs. Ce cycle de création et de répression alimente une dynamique où l’art de rue devient une forme de résistance face à l’autorité.
Les jeunes artistes sénégalais voient dans le graffiti et le street art des outils de mobilisation et de sensibilisation. Par leurs œuvres, ils interpellent directement le grand public, mais aussi les décideurs politiques. Ils créent des espaces de dialogue où chacun est invité à réfléchir sur les enjeux de société. Les graffitis qui ornent les murs des quartiers populaires de Dakar témoignent d’une volonté de transformer la ville en un lieu de débat, où l’art devient un moyen d’expression collective.
Malgré les obstacles, ces formes d’art continuent de gagner en popularité. Elles sont de plus en plus reconnues comme une partie intégrante de la culture urbaine Sénégalaise. Des festivals comme Festigraff, organisé chaque année à Dakar, célèbrent ces arts urbains et leur donnent une visibilité internationale. Ce festival, qui rassemble des artistes du monde entier, montre que le graffiti et le street art ne sont pas seulement des moyens d’expression contestataires, mais aussi des formes d’art légitimes, capables de transcender les frontières culturelles.
Cependant, pour que le graffiti et le street art puissent pleinement s’épanouir comme outils d’expression politique, un changement de mentalité est nécessaire. Les autorités doivent reconnaître la valeur de ces arts et cesser de les considérer uniquement sous l’angle du vandalisme. La mise en place d’espaces dédiés, où les artistes peuvent s’exprimer librement, pourrait être une solution pour éviter les conflits entre les jeunes et les pouvoirs publics.
Le graffiti et le street art, en tant que formes d’art contemporaines, méritent d’être protégés et encouragés. Leur potentiel pour éveiller les consciences et provoquer le débat public ne doit pas être sous-estimé. En intégrant ces arts dans des programmes éducatifs et en organisant des événements qui favorisent leur reconnaissance, le Sénégal peut non seulement préserver ces expressions culturelles, mais aussi encourager une participation citoyenne plus active.
Le graffiti et le Street art au Sénégal sont bien plus que de simples griffonnages sur des murs. Ils sont les reflets d’une jeunesse qui cherche à se faire entendre et à participer activement à la construction de son avenir. Les autorités doivent cesser de réprimer ces formes d’expression et, au contraire, les encourager comme des moyens légitimes de communication et de protestation. Cela contribuerait non seulement à enrichir la culture urbaine sénégalaise, mais aussi à renforcer le dialogue social dans un pays en pleine mutation. Le graffiti et le street art, loin d’être une menace, sont une chance pour le Sénégal de se réinventer, à travers les yeux et les aspirations de sa jeunesse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
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