Plus d’un mois après leur arrestation, les onze anciens ministres et dirigeants de partis politiques maliens ont finalement été entendus par le juge d’instruction en charge de leur dossier. Les auditions, qui se sont déroulées ces dernières semaines, se sont conclues la semaine dernière par celle de l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Ali Bathily.
Selon l’un de leurs avocats, ce premier pas était attendu depuis longtemps. « Cela a déjà été un premier combat, et les auditions se sont bien passées », a-t-il déclaré.
Depuis, des demandes de mise en liberté sous contrôle judiciaire ont été déposées auprès du juge d’instruction, dans l’attente de leur futur procès. La réponse du magistrat est attendue dans les prochains jours.
« Le décret qui a justifié leur arrestation était illégal et il a été abrogé depuis », a rappelé leur avocat, estimant que « juridiquement, rien ne justifie leur maintien en détention ». La question reste maintenant de savoir si le juge d’instruction et le parquet partageront cette analyse et s’ils pourront agir en toute indépendance dans ce dossier, considéré autant politique que judiciaire.
Les autorités de transition avaient suspendu les activités politiques des partis et associations en avril dernier pour des raisons d' »ordre public », avant de lever cette interdiction au mois de juillet. Parallèlement à la procédure judiciaire, les partis signataires de la Déclaration du 31 mars ont mis en place trois commissions.
L’une est consacrée à la procédure judiciaire, la seconde organise les visites aux « camarades détenus », dispersés dans trois prisons différentes. Une troisième commission a été formée pour soutenir les familles des personnalités détenues.
En parallèle, des démarches de médiation ont été discrètement initiées pour tenter d’obtenir l’abandon des poursuites ou, à défaut, faciliter les mises en liberté avant le procès. « Puisque les autorités parlent de réconciliation et veulent relancer le travail avec les partis, ce serait un geste fort et constructif », a plaidé un cadre politique impliqué dans ces discussions.
Des rencontres ont ainsi été organisées avec le Haut Conseil islamique du Mali, dont la dernière avec son président, Cheick Chérif Ousmane Madani Haidara, ainsi qu’avec le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga. Chargé des relations avec les partis politiques, ce dernier a rappelé que le dossier était entre les mains de la justice, tout en promettant de rendre compte aux plus hautes autorités.
Les onze personnalités politiques – issues des partis RPM, Adema, Asma, PDES, Nema, Union, Vinda, et Alternative pour le Mali – avaient été arrêtées par des gendarmes sans mandat, alors qu’ils tenaient une réunion privée pour élaborer un projet de règlement intérieur de leur regroupement et planifier des actions communes, dans le but d’obtenir l’organisation d’élections et le retour à l’ordre constitutionnel.
Article écrit par : Fatoumata Diop
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