Article écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Depuis des années, la démocratie est perçue comme la voie royale pour résoudre les crises de gouvernance en Afrique. Cependant, les récents événements, notamment les coups d’État et les instabilités politiques, révèlent une autre vérité : la faiblesse des États africains compromet gravement l’efficacité démocratique.
Il ne suffit pas d’organiser des élections. La démocratie est bien plus qu’un simple processus électoral. C’est un système complexe qui repose sur des institutions solides et sur un État capable de garantir leur fonctionnement. Malheureusement, dans de nombreux pays africains, ces institutions sont défaillantes. Les États peinent à contrôler leur territoire, à assurer la sécurité et à fournir des services publics de base.
Prenons l’exemple du Mali. Avant les coups d’État de 2020 et 2021, ce pays était salué comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. Pourtant, cette reconnaissance était largement fondée sur la tenue régulière d’élections, plutôt que sur la mise en place de véritables institutions démocratiques. Cette illusion a finalement été brisée par l’incapacité de l’État malien à faire face aux défis sécuritaires et économiques.
La réalité est que la démocratie ne peut prospérer sans un État fort, capable de garantir la sécurité, d’assurer la justice, et de fournir des services essentiels à sa population. Sans ces fondements, la démocratie devient une coquille vide, une illusion qui ne fait qu’aggraver les divisions et les conflits.
Les Africains aspirent à la démocratie, mais ils sont de plus en plus déçus par les résultats. Les systèmes démocratiques sont souvent perçus comme inefficaces, incapables de répondre aux besoins des citoyens. Cette frustration alimente la méfiance envers les politiciens et renforce les mouvements insurrectionnels. Dans de nombreux cas, cette situation est exacerbée par la faiblesse économique des États, qui limite leur capacité à collecter des recettes publiques et à fournir des biens et services essentiels.
Face à ces défis, il est essentiel de repenser la stratégie de démocratisation en Afrique. Il ne suffit plus de promouvoir des élections ; il faut renforcer les États, leur donner les moyens d’agir efficacement. Cela implique de réformer les institutions, d’améliorer la gouvernance et de garantir un contrôle territorial réel. Les États africains doivent également investir dans les infrastructures de base, notamment les transports, et veiller à ce que l’État de droit soit respecté partout.
Mais ces réformes ne doivent pas se limiter aux structures de l’État. Il est crucial de renforcer le lien entre l’État et les citoyens, de faire en sorte que ces derniers perçoivent l’État comme un protecteur et un fournisseur de services, et non comme un oppresseur. Pour cela, l’État doit être présent partout, y compris dans les régions reculées, et offrir des services de qualité à tous ses citoyens.
Enfin, la communauté internationale a un rôle à jouer. Elle doit cesser d’imposer des modèles de démocratie inadaptés et soutenir plutôt le renforcement des États africains. Cela signifie fournir une aide ciblée pour la réforme des institutions, encourager le dialogue entre les gouvernements et leurs citoyens, et promouvoir des initiatives qui renforcent la cohésion sociale.
La démocratie est un objectif noble, mais elle ne peut réussir sans des États forts. L’Afrique doit d’abord se concentrer sur la construction d’États capables, dotés d’institutions solides et légitimes. Ce n’est qu’à partir de cette base que la démocratie pourra réellement prospérer sur le continent.
Article écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
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