Article opinion écrit par le créateur de contenu : Faye’s Ndiogou.
L’annonce d’une collaboration entre les rebelles du Mali et du Niger, le 1er septembre 2024, marque une étape significative dans la dynamique complexe des conflits sahéliens. Ce rapprochement entre le Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) et le Front patriotique de libération (FPL) soulève des questions cruciales sur les motivations et les implications de cette alliance.
Bien que le pacte d’assistance mutuelle entre ces deux mouvements ne soit pas encore formellement conclu, il s’inscrit dans une longue tradition de collaborations entre les groupes armés du Sahel, en particulier ceux opérant dans le nord du Mali et du Niger.
Historiquement, les mouvements rebelles de la région ont souvent cherché à unir leurs forces face à des ennemis communs ou à partager des ressources dans un espace géographique où la circulation des armes et des combattants est relativement aisée. Cette fois-ci, la cible de leur collaboration est clairement définie : les régimes putschistes au pouvoir à Bamako et Niamey.
Ces gouvernements, ayant formé l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Burkina Faso, ont créé une dynamique qui pourrait inciter les rebelles à coordonner leurs efforts. Toutefois, comme le souligne Yvan Guichaoua, chercheur spécialiste du Sahel, cette initiative pourrait davantage relever de la communication politique que d’une réelle alliance militaire effective.
Les terrains d’action des deux groupes sont distants et leurs objectifs spécifiques diffèrent considérablement. Le CSP, dont la majorité des membres sont Touaregs et Arabes, continue de revendiquer les droits des populations du nord du Mali, une région marquée par le rêve inachevé de l’indépendance de l’Azawad. Le FPL, quant à lui, composé principalement de Toubous, lutte pour le rétablissement de la légalité constitutionnelle au Niger et s’oppose au régime militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Ces divergences soulèvent des doutes quant à la capacité de ces deux mouvements à fusionner leurs agendas pour former un front uni.
Sur le terrain, les réalités sont tout aussi complexes. Le CSP, affaibli par la perte de Kidal en novembre 2023 face aux forces maliennes appuyées par les mercenaires de Wagner, peine à regagner du terrain malgré quelques succès sporadiques. Le FPL, pour sa part, est un mouvement récent, mais il a déjà démontré sa capacité de nuisance, notamment par le sabotage d’un oléoduc en juin 2024. La question demeure : cette collaboration annoncée se traduira-t-elle par des actions concrètes sur le terrain, ou restera-t-elle un simple outil de pression politique ?
L’absence de réaction officielle des gouvernements de Bamako et Niamey face à cette annonce laisse entrevoir une certaine prudence, voire une indifférence stratégique. Pour ces régimes, la priorité semble être de maintenir leur alliance au sein de l’AES et de continuer à renforcer leur emprise sur leurs territoires respectifs, malgré les défis posés par ces mouvements rebelles. Le futur de cette alliance entre le CSP et le FPL reste donc incertain, et seul le temps révélera si elle est destinée à remodeler le paysage militaire du Sahel ou si elle s’évaporera dans les méandres de la communication politique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Faye’s Ndiogou
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
