La Mauritanie affiche le taux de divorce le plus élevé du monde arabe, et dans ce pays très conservateur, cela ne gêne (presque) personne.
Les statistiques précises ne sont pas faciles à obtenir, mais il faut remonter au recensement de 2000 pour trouver un taux officiel de femmes ayant contracté plus d’un mariage. À l’époque, ce chiffre atteignait 39% à Nouakchott.
Des estimations plus récentes, relayées par la presse locale, estiment le taux de divorce entre 42% et 49%. Ce qui est certain, c’est que dans ce pays désertique de 4,3 millions d’habitants, le divorce est perçu comme une chose normale et n’est pas mal vu par la société, même après trois ou quatre reprises.
Le phénomène touche surtout les Maures, qui représentent 70% de la population mauritanienne, répartis en « Maures noirs » ou Haratines (40%) et « Maures blancs » ou Beidanes (30%). Cette situation peut surprendre dans une république islamique qui impose par ailleurs des règles religieuses très strictes : l’alcool est interdit, et tant l’apostasie que le blasphème sont passibles de la peine de mort.
Certaines femmes vont même jusqu’à célébrer leur divorce, ou plutôt la fin de la période de trois mois imposée par l’islam avant de pouvoir contracter un autre mariage. Ces festivités incluent souvent henné, maquillage, thé et éclats de rire.
Dans un pays où la religion joue un rôle prépondérant, le mariage est un passage obligé pour avoir des relations sexuelles. Ainsi, les couples se marient souvent très rapidement, sans toujours bien se connaître. En outre, en Mauritanie, le mariage ne concerne pas seulement deux personnes, mais aussi leurs familles respectives. Les mariages en bas âge, parfois dès 12 ans, sont nombreux et souvent forcés, car la famille de la jeune fille cherche un homme qui puisse la prendre en charge financièrement.
La polygamie, bien que légalement autorisée, reste mal vue dans la société maure. Alors qu’en Europe les hommes ont souvent des maîtresses cachées, en Mauritanie, certains hommes épousent secrètement une deuxième femme pour rester en accord avec la charia. Mais lorsqu’une femme maure découvre que son mari a pris une autre épouse, c’est un scandale, et elle demande immédiatement le divorce.
En revanche, dans les communautés noires africaines (Poulars, Soninkés, Wolofs et Bambaras), où la polygamie est courante, c’est le divorce qui est très mal perçu. Dans les autres pays arabes, le divorce nécessite une longue procédure judiciaire, ce qui pousse les gens à réfléchir à deux fois avant d’engager une séparation, explique Najwa Kettab. En Mauritanie, il suffit d’un simple acte verbal pour divorcer, parfois même par téléphone ou avec une note écrite.
Traditionnellement, lorsque la femme se remarie, son nouvel époux prend en charge non seulement elle, mais aussi ses enfants. Ainsi, dans un foyer mauritanien, on finit par ne plus faire de distinction entre les enfants issus du mariage actuel et ceux des unions précédentes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Erika
Mis en ligne : 13/04/2024
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