La guerre au Proche-Orient, et plus particulièrement les frappes israéliennes contre le Liban, a provoqué une crise humanitaire complexe, affectant profondément les populations locales. Toutefois, au cœur de cette tragédie, un groupe souvent négligé fait face à une situation encore plus précaire : les travailleurs migrants, principalement des femmes originaires d’Asie et d’Afrique.
Ces employées de maison, qui représentent près de 250 000 personnes, sont soumises à un système de parrainage controversé, la « kafala », qui ouvre la porte à de multiples abus.
Alors que les bombes pleuvent sur Beyrouth, elles se retrouvent dans une situation désespérée, souvent abandonnées par leurs employeurs.
Le système de la « kafala » rend ces femmes particulièrement vulnérables, en les privant de leurs documents officiels, y compris leurs passeports, et en les plaçant sous la tutelle stricte de familles libanaises. En temps de guerre, cette situation se détériore davantage. De nombreuses employées de maison découvrent que leurs employeurs ont fui les lieux, les laissant sans protection ni moyens de subsistance.
Comme le déclare Viany de Marceau, membre du Regroupement des migrantes d’Afrique noire (Reman), ces femmes sont littéralement « jetées dans la rue » au moment où elles en ont le plus besoin. Elles se retrouvent non seulement sans abri, mais aussi dans l’incapacité de quitter le pays en raison de la confiscation de leurs passeports.
Face à cette crise, les associations locales, comme le Reman, se mobilisent pour fournir une aide d’urgence, mais les moyens sont limités. La mise en place de cagnottes pour financer de la nourriture et des biens de première nécessité souligne l’urgence de la situation. Ces femmes, déjà marginalisées dans la société libanaise, se trouvent aujourd’hui dans une position où même leurs besoins les plus fondamentaux ne sont pas garantis.
L’appel de Viany de Marceau à l’aide internationale et à l’intervention des gouvernements d’origine résonne comme un cri de détresse : les États africains doivent organiser des rapatriements d’urgence pour sauver leurs citoyennes de cette impasse mortelle.
Le Nigeria a déjà pris des mesures en annonçant le rapatriement de ses ressortissants. Cependant, ce n’est qu’une partie de la solution. Le processus est lent et complexe, car les travailleurs migrants sans papiers doivent attendre plusieurs mois avant de pouvoir rentrer chez eux. Pendant ce temps, ils doivent survivre dans un pays en guerre, sans ressources et sans sécurité. Cette lenteur administrative est d’autant plus inacceptable que chaque jour passé dans ces conditions peut avoir des conséquences dramatiques sur leur santé et leur bien-être.
Paradoxalement, certaines employées de maison, comme Bitania, une Éthiopienne travaillant pour une famille libanaise, ont eu la chance de recevoir l’aide de leurs employeurs pour retourner dans leur pays. Cela met en lumière la disparité de traitement entre les travailleurs migrants au Liban : alors que certains employeurs prennent leurs responsabilités, d’autres fuient sans se soucier du sort de leurs employés.
Cette crise met en lumière une réalité plus large sur la condition des travailleurs migrants dans les zones de conflit. Les femmes, en particulier, sont souvent les premières victimes de ces situations, non seulement à cause de leur vulnérabilité économique, mais aussi à cause de systèmes juridiques comme la « kafala » qui renforcent leur dépendance vis-à-vis de leurs employeurs. Les organisations internationales et les États concernés doivent réagir rapidement pour protéger ces populations et mettre fin à ces abus structurels.
La situation des travailleurs migrants au Liban, exacerbée par la guerre, appelle à une réponse humanitaire urgente. L’abandon de ces femmes, privées de leurs droits fondamentaux, souligne la nécessité de réformer des systèmes tels que la « kafala » et d’accroître la coopération internationale pour garantir leur sécurité. Les États d’origine doivent prendre des mesures rapides pour organiser des évacuations et mettre en place des aides d’urgence pour éviter que ces travailleurs ne deviennent les victimes silencieuses de cette guerre.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Faye
Mise en ligne : 16/10/2024
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