L’Afrique de l’Ouest est devenue l’épicentre mondial du terrorisme. Entre insurrections jihadistes et instabilité politique, la région subit des violences sans précédent. La réponse internationale, pourtant massive, semble inefficace face à ce fléau grandissant.
L’Afrique de l’Ouest, et en particulier le Sahel, est aujourd’hui le foyer mondial du terrorisme. Les groupes jihadistes, affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, contrôlent de vastes territoires, de Kidal au Mali, jusqu’à Ouagadougou au Burkina Faso.
Ce phénomène, qui semble lointain pour certains, a pourtant des conséquences directes, notamment en Europe, avec la montée des flux migratoires.
Depuis 2021, le nombre d’attaques jihadistes dans la région a doublé. En 2024, on enregistre en moyenne 224 attaques par mois, contre 128 en 2021. Ces chiffres sont glaçants et témoignent de l’impuissance des forces locales et internationales. Au Burkina Faso, le pays le plus touché, 1 907 décès liés au terrorisme ont été recensés, une hausse de 68 % par rapport à l’année précédente. L’insécurité gagne du terrain, et les civils paient le prix fort.
La région du Sahel, qui comprend des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, est désormais le théâtre d’une véritable guerre. Ce conflit, en grande partie oublié par les médias internationaux, déstabilise toute l’Afrique de l’Ouest. Des milliers de civils sont tués, des millions déplacés. Cette crise humanitaire alimente également une hausse de la migration vers l’Europe. En 2024, le nombre de migrants provenant du Sahel a augmenté de 62 %, atteignant 17 300 sur les six premiers mois de l’année. Ce flux est une conséquence directe de l’insécurité et du changement climatique.
L’Occident a investi massivement dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, mais ces efforts semblent avoir échoué. La France, les États-Unis et d’autres puissances étrangères ont envoyé des troupes, des drones, et partagé des renseignements. Cependant, malgré cette aide militaire, les jihadistes gagnent du terrain. La décision des juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger de remplacer l’aide occidentale par celle de la Russie, notamment via le groupe de mercenaires Wagner, n’a pas apporté de stabilité.
Ces mêmes juntes, qui ont renversé les gouvernements élus dans ces pays, ont exacerbé la situation. En prétendant apporter une solution aux violences, elles ont en réalité contribué à l’isolement international de ces nations. En chassant les forces étrangères, elles ont affaibli leur capacité à lutter efficacement contre les jihadistes. Le cas du Niger est emblématique : en 2023, la junte a ordonné aux États-Unis de fermer une vaste base de drones à Agadez, privant ainsi la région d’un outil essentiel pour traquer les terroristes.
Cette montée du terrorisme dans le Sahel a des répercussions bien au-delà de ses frontières. Les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Ghana, sont de plus en plus exposés à la violence. Les jihadistes, chassés du Mali ou du Burkina Faso, se replient vers ces zones plus stables. Cela provoque une diffusion progressive de l’insécurité sur l’ensemble du continent.
Outre la menace jihadiste, l’instabilité politique aggrave la situation. Les coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont affaibli ces pays, les privant d’une direction politique forte. Ces régimes, en rupture avec l’Occident, se sont tournés vers la Russie pour obtenir un soutien militaire. Cependant, cette alliance ne semble pas porter ses fruits. Wagner, bien que présent dans la région, n’a pas su endiguer l’avancée des jihadistes.
L’inefficacité des solutions militaires met en lumière la nécessité de repenser la stratégie de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest. La réponse doit être politique et non seulement militaire. Tant que les gouvernements locaux ne seront pas capables de restaurer leur légitimité et de répondre aux besoins de leurs populations, le terrorisme continuera de prospérer.
Pour sortir de cette spirale de violence, il est urgent de désarmer les milices et d’établir une coopération régionale solide. Les pays du Sahel ne peuvent pas affronter seuls cette menace transfrontalière. Une stratégie régionale coordonnée, incluant les puissances africaines et internationales, doit être mise en place.
Ensuite, il est crucial de renforcer les institutions politiques et sociales dans ces pays. Les populations locales, souvent marginalisées et abandonnées par l’État, sont une proie facile pour les recruteurs jihadistes. En leur offrant des opportunités économiques et en rétablissant l’éducation et les services de base, on peut priver les terroristes de leur terreau fertile.
Enfin, l’accent doit être mis sur la diplomatie. La communauté internationale, au lieu de se désengager, doit favoriser le dialogue avec les gouvernements en place, qu’ils soient militaires ou civils. La solution ne viendra pas d’une intervention extérieure imposée, mais d’un processus de paix inclusif qui prenne en compte les réalités locales.
L’Afrique de l’Ouest est à un tournant. Si les violences jihadistes continuent à s’étendre, c’est toute la région qui sera plongée dans un chaos durable. La communauté internationale doit agir maintenant, en révisant ses stratégies et en adoptant une approche plus globale et inclusive. La lutte contre le terrorisme au Sahel ne peut plus se limiter à une réponse militaire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 25/10/2024
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