L’excès d’événements religieux et culturels au Sénégal, notamment le Magal, le Gamou, la Korité, la Tabaski et d’autres fêtes, soulève un débat de plus en plus vif sur la gestion des ressources financières du pays.
Ces événements, bien qu’ils soient profondément ancrés dans les traditions et la spiritualité sénégalaises, engendrent une série de dépenses massives. Ces coûts, supportés par les familles, l’État et même les communautés religieuses, contribuent souvent à une pression économique significative, avec des conséquences notables sur plusieurs plans.
Chaque année, le Sénégal est témoin d’une succession de célébrations majeures, dont les préparatifs nécessitent d’importantes sommes d’argent. Prenons l’exemple de la Tabaski, la fête musulmane du sacrifice, où chaque famille est tenue de sacrifier un mouton. Les prix des moutons atteignent souvent des niveaux exorbitants, et de nombreuses familles, parfois endettées, se sentent obligées d’acheter ces animaux pour répondre aux attentes sociales.
Le Magal de Touba, un pèlerinage rassemblant des millions de fidèles, génère également des dépenses faramineuses liées à l’organisation des transports, des repas, des cadeaux et autres.
Au-delà des ménages, l’État et les autorités locales consacrent une part importante du budget à la gestion des infrastructures pour ces événements : routes, sécurité, gestion des déchets, etc. En 2022, par exemple, plusieurs milliards de francs CFA ont été dépensés pour le bon déroulement du Magal, ce qui a suscité des interrogations sur la pertinence de tels investissements, alors que d’autres secteurs comme l’éducation et la santé peinent à recevoir des financements suffisants.
Les dépenses excessives liées à ces événements ont des répercussions directes sur le tissu social et économique. D’une part, de nombreuses familles s’endettent ou se retrouvent dans des situations financières précaires après avoir participé à ces festivités. L’obligation sociale de participer à ces événements pousse certains à prendre des prêts ou à utiliser des économies destinées à des besoins essentiels comme la scolarité des enfants ou les soins de santé. Cela crée une spirale d’endettement qui affecte non seulement les individus, mais aussi l’économie globale du pays.
Sur le plan économique, bien que ces événements génèrent une activité économique considérable (transport, hôtellerie, commerce), ils se révèlent souvent être une forme de dépense improductive. Les fonds mobilisés pour les préparatifs et les fêtes sont rarement réinvestis dans des projets durables ou dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture ou l’industrie, ce qui freine le développement économique à long terme.
Un autre aspect souvent négligé est l’impact environnemental de ces grands rassemblements. Les tonnes de déchets générées lors du Magal ou du Gamou surchargent les capacités de gestion des ordures des villes comme Touba ou Tivaouane. Les infrastructures de gestion des déchets étant souvent insuffisantes, ces événements entraînent une pollution importante, affectant les cours d’eau, les terres agricoles et l’air. Cela crée des problèmes de santé publique, notamment à cause des maladies liées à une mauvaise gestion des ordures et à la prolifération des moustiques et autres nuisibles.
De plus, la mobilisation de millions de personnes pour ces événements entraîne des perturbations dans la circulation, une hausse des accidents de la route, et une pression accrue sur les services de santé locaux.
Pour répondre à ces défis, il est urgent de repenser la manière dont ces événements sont organisés et financés. Il ne s’agit pas de remettre en cause leur pertinence spirituelle ou culturelle, mais plutôt de trouver des solutions pour minimiser le gaspillage et maximiser l’impact économique positif.
Par exemple, les autorités pourraient encourager la mise en place de fonds communautaires pour aider les familles à gérer les dépenses de ces fêtes sans s’endetter. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation pourraient inciter les participants à adopter des pratiques plus durables, notamment en matière de gestion des déchets et de consommation responsable.
L’État pourrait également mieux équilibrer ses investissements en veillant à ce que les dépenses pour les événements religieux et culturels n’empiètent pas sur les secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation ou l’emploi. Enfin, il serait judicieux de promouvoir des événements alternatifs, plus axés sur le développement communautaire et l’économie solidaire, pour contrebalancer les excès des grandes célébrations.
Article écrit par le créateur de contenu : Mass
Mis en ligne : 31/10/2024
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.