Le Tchad, pays sahélien réputé pour la puissance et l’efficacité de ses forces armées, a récemment annoncé son intention de se retirer de la Force multilatérale mixte (FMM). Cette force régionale, créée en 2015 pour lutter contre Boko Haram et d’autres groupes armés, regroupe des troupes du Nigeria, du Niger, du Cameroun et du Tchad.
Sa mission est de protéger les populations du bassin du lac Tchad, une région aux multiples défis sécuritaires. Ce retrait potentiel pourrait avoir des répercussions significatives sur la sécurité de la région et sur la lutte contre le terrorisme.
La décision du Tchad pourrait découler de plusieurs facteurs, liés tant aux ressources qu’aux tensions régionales. Premièrement, les opérations de la FMM nécessitent un financement conséquent pour maintenir les équipements, fournir un soutien logistique et garantir les soldes des militaires déployés. Or, le manque de financement a été un problème persistant depuis la création de cette coalition.
Les contributions financières promises par certains partenaires internationaux n’ont pas toujours été honorées, et les États membres, confrontés eux-mêmes à des budgets militaires serrés, peinent à combler ces lacunes.
Deuxièmement, des tensions politiques internes au Tchad peuvent également expliquer cette décision. Les autorités tchadiennes doivent faire face à des défis de gouvernance, à des besoins socio-économiques urgents et à des attentes croissantes de la population. Le gouvernement pourrait chercher à recentrer ses forces pour faire face à des enjeux nationaux plutôt que régionaux, d’autant plus que les soldats tchadiens sont souvent sollicités pour des interventions à l’extérieur du pays. Cette situation engendre une fatigue des troupes et des difficultés de gestion pour les autorités militaires tchadiennes.
Enfin, il existe des désaccords stratégiques au sein de la coalition elle-même. Le Tchad estime parfois que les efforts de la FMM ne sont pas suffisamment coordonnés ou que la charge de la lutte contre Boko Haram repose disproportionnellement sur ses troupes, qui se sont illustrées par leur expérience et leur efficacité.
Un retrait tchadien affaiblirait significativement la FMM. Les forces tchadiennes sont connues pour leur discipline, leur formation poussée et leur expérience en matière de contre-insurrection, acquise à travers divers conflits régionaux. La perte de ces troupes réduirait l’efficacité opérationnelle de la coalition, rendant les opérations militaires plus complexes et moins percutantes.
Cette décision pourrait également encourager Boko Haram et d’autres groupes terroristes à intensifier leurs attaques, profitant de la diminution de la pression militaire dans certaines zones. Les populations locales, déjà vulnérables, risqueraient de faire face à une recrudescence de violences, de déplacements et d’instabilité. Par ailleurs, cela pourrait aussi affecter la coopération entre les États membres, créant des tensions et un manque de confiance entre les différents acteurs de la FMM.
Pour éviter ce scénario, les États membres de la FMM et leurs partenaires internationaux doivent prendre des mesures rapides et concrètes. D’abord, il est essentiel d’assurer un financement stable et pérenne des opérations de la FMM pour permettre aux troupes de continuer leurs missions sans interruption. Ensuite, un effort de coordination plus solide entre les pays membres pourrait réduire les tensions internes et permettre une meilleure répartition des tâches et des ressources.
Un dialogue entre les États membres, axé sur la gestion des priorités sécuritaires nationales et régionales, pourrait renforcer l’engagement du Tchad et améliorer l’efficacité de la coalition. Les partenaires internationaux pourraient également jouer un rôle en fournissant des formations, des équipements et un soutien logistique supplémentaires aux troupes de la FMM.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Diop
Mis en ligne : 09/11/2024
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