Moins responsable des émissions mondiales, l’Afrique est pourtant en première ligne des conséquences climatiques. À l’approche de la COP29, les pays africains, à la fois victimes et acteurs engagés, se heurtent à un financement international inadéquat.
La vraie question est la suivante : comment mettre fin aux inégalités climatiques qui limitent leur potentiel ?
L’Afrique, qui contribue à moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ce paradoxe est insoutenable : le continent le moins responsable du réchauffement global subit les impacts les plus dévastateurs.
Pourtant, les mécanismes de financement mis en place n’offrent pas les options nécessaires aux pays africains pour répondre efficacement aux défis climatiques et de développement. En outre, ces nations manquent d’accès à des financements à la hauteur de leurs ambitions, ce qui perpétue une injustice structurelle.
Les institutions internationales et les pays donateurs parlent de financement climatique comme d’une solution pour compenser les impacts environnementaux. Cependant, cette aide reste partielle et conditionnée. L’Afrique, malgré ses ambitions en matière de développement durable, continue de dépendre de financements limités et souvent assortis de conditions qui réduisent leur efficacité. Actuellement, plus de 500 millions de personnes en Afrique subsaharienne vivent dans l’extrême pauvreté, un chiffre qui pourrait croître sans un soutien adéquat.
À la COP29, il devient urgent de poser une question cruciale : pourquoi les financements climatiques et de développement restent-ils dissociés ? Les institutions internationales continuent de séparer ces enjeux, bien qu’il soit évident qu’ils sont interdépendants. Cette segmentation empêche les pays africains de bénéficier de solutions de financement adaptées à leurs besoins réels, telles que la construction d’infrastructures résilientes et la lutte contre la pauvreté.
Les initiatives de « levier de financement privé » sont souvent présentées comme des solutions viables pour combler le manque de capitaux dans les pays en développement. Cependant, cette approche se révèle inefficace pour l’Afrique. Elle tend à redistribuer les ressources existantes plutôt qu’à générer de nouvelles liquidités, obligeant les pays africains à absorber les risques financiers sans bénéficier d’un apport réel.
Cela engendre une illusion de soutien, mais en pratique, les financements privés sont rarement dirigés vers des projets essentiels pour le développement local, tels que l’accès à l’énergie durable ou l’amélioration des infrastructures.
Les marchés du carbone, qui permettent aux pays de vendre des crédits d’émission en contrepartie de la réduction des gaz à effet de serre, sont censés représenter une opportunité pour les économies africaines. En théorie, ils permettraient aux nations africaines de valoriser leurs efforts de préservation de l’environnement. Dans les faits, ces marchés restent opaques et profitent avant tout aux grandes entreprises et aux nations développées, qui dictent les normes et fixent les prix.
Pour les pays africains, cela signifie qu’ils se retrouvent une fois de plus à jouer un rôle d’« extracteurs » de ressources sans bénéficier des retombées. Cette situation fragilise leurs ambitions de développement durable et risque même de renforcer les disparités économiques et sociales au sein de leurs populations.
La COP29 pourrait être le début d’une nouvelle ère de justice climatique. Pour cela, il est nécessaire de reconnaître que l’Afrique n’est pas passive face aux défis climatiques. Ce continent mérite des options qui prennent en compte ses besoins réels et l’énorme potentiel de ses populations. En mettant fin aux doubles standards, la communauté internationale a l’opportunité d’écrire une nouvelle page, où développement et justice climatique sont enfin réconciliés.
Face à l’urgence, l’heure est venue de passer des discours aux actions qui placent l’Afrique, non plus comme une victime du système financier, mais comme un acteur doté des moyens pour bâtir un avenir durable pour ses citoyens et pour la planète.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 12/11/2024
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