Deux jeunes Sénégalais, B.C et A.G, ont traversé un véritable calvaire juridique en Espagne après avoir été accusés à tort d’être les capitaines d’un bateau transportant des migrants vers les îles Canaries en 2023, rapporte ce jour le journal Les Echos.
Malgré leurs déclarations affirmant qu’ils étaient mineurs, les deux jeunes hommes ont été incarcérés dans des conditions inappropriées et contraires à leurs droits fondamentaux. La situation a pris un tournant grâce à l’intervention des Nations Unies, qui ont imposé des mesures pour corriger ces violations.
B.C et A.G, âgés respectivement de 16 et 18 ans aujourd’hui, ont été emprisonnés après leur arrivée aux îles Canaries en décembre 2023. Accusés sans preuves solides d’avoir dirigé l’embarcation, ils ont été envoyés dans des prisons pour adultes, en totale violation des lois internationales et des droits de l’enfant.
Récemment, le tribunal pour mineurs de Las Palmas a invalidé l’affaire à leur encontre, mettant en lumière des violations graves des droits fondamentaux. Selon le juge Reyes del Carmen Martell, les autorités judiciaires ont négligé de respecter plusieurs garanties essentielles, notamment l’intérêt supérieur des mineurs et leur droit à être représentés par un avocat.
L’affaire a été portée à l’attention du tribunal pour mineurs par les avocats Patricia Fernández Vicens et Francisco Morenilla, alertés par la Pastorale pénitentiaire. Ces derniers ont découvert que les deux adolescents étaient détenus parmi des adultes, malgré les preuves de leur minorité, dont un enregistrement de la Croix-Rouge confirmant l’âge d’A.G.
En mars 2024, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU est intervenu pour exiger que l’Espagne traite A.G comme un mineur et mette fin à sa détention avec des adultes. Cependant, malgré cette intervention, le jeune homme a passé 57 jours en prison avant d’être transféré dans un centre pour mineurs.
Les accusations portées contre les deux jeunes reposaient sur des témoignages fragiles et des preuves qualifiées de « nulles » par le tribunal. Le juge a souligné que les droits des mineurs n’avaient pas été respectés tout au long de la procédure, rendant les accusations infondées.
De son côté, BC a également été transféré dans un centre pour mineurs avant d’être libéré en avril. Le tribunal a qualifié sa détention de « regrettable » et a mis en doute la validité des preuves utilisées pour l’accuser.
Cette affaire met en lumière les failles du système judiciaire dans le traitement des mineurs migrants. Elle soulève des questions sur les violations répétées de la Convention relative aux droits de l’enfant et des directives européennes. La libération de BC et AG représente une victoire, mais elle interroge sur la gestion des cas similaires et sur le respect des droits des migrants mineurs en Europe.
Article écrit par : Fatoumata Diop
Mise en ligne : 19/11/2024
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