Assemblée nationale : Ousmane Sonko doit-il viser la présidence ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Hélène Ngom | Publié le 21/11/2024 12:11:15

Assemblée nationale : Ousmane Sonko doit-il viser la présidence ?

Le 17 novembre dernier, les Sénégalais ont fait leur choix aux élections législatives pour la 15e législature. Un débat est désormais ouvert sur le rôle qu’Ousmane Sonko, tête de liste de Pastef, devrait jouer au sein de l’Assemblée nationale. Faut-il qu’il en prenne la présidence ou qu’il occupe plutôt la Primature ? Cette question, alimentée par divers avis d’experts et de spécialistes, mérite une analyse approfondie, notamment sous l’angle juridique et stratégique.

Le débat sur la place d’Ousmane Sonko au sein des institutions sénégalaises suscite de nombreuses réactions. D’un côté, certains estiment que sa nomination à la présidence de l’Assemblée nationale serait une avancée logique, au regard de sa popularité et de la confiance accordée par les électeurs. D’un autre côté, il y a ceux qui pensent qu’il serait plus sage qu’il reste à la Primature, où son influence pourrait se déployer de manière plus équilibrée et stratégique. En tant que juriste, il me semble primordial d’examiner ces deux perspectives en profondeur.

Tout d’abord, il est important de souligner que le rôle de l’Assemblée nationale est de contrôler l’action du gouvernement. Cette mission de surveillance implique que la tête de l’Assemblée puisse entrer en conflit avec l’exécutif si elle estime que ce dernier agit de manière contraire aux intérêts du pays. Ainsi, si Sonko prenait la présidence de l’Assemblée, il serait inévitablement confronté à cette fonction de contrôle, ce qui pourrait perturber la bonne marche des politiques publiques. En effet, le risque d’un blocage institutionnel serait réel si le président de l’Assemblée devenait trop radical dans ses prises de position.

En revanche, si Ousmane Sonko reste à la Primature, il aurait la possibilité de coordonner les actions gouvernementales sans être constamment en opposition directe avec le président. À la tête du gouvernement, Sonko pourrait en effet jouer un rôle de médiation et de rapprochement, en intégrant les différentes dynamiques politiques, tout en exerçant une autorité capable de mener à bien les réformes attendues. Cette position lui permettrait également d’éviter un affrontement institutionnel qui pourrait nuire à la stabilité du pays.

De plus, il convient de noter que la situation historique du Sénégal, notamment le duel entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia en 1962, n’est pas comparable à celle d’Ousmane Sonko. À cette époque, la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme était susceptible de provoquer des tensions politiques majeures. Aujourd’hui, cependant, le cadre institutionnel est plus mature, et le président de l’Assemblée nationale ou le Premier ministre n’auraient pas la même latitude pour contester directement l’autorité du chef de l’État.

Par ailleurs, la question de la sécurité et de l’équilibre des pouvoirs ne doit pas être négligée. En plaçant Sonko à la tête de l’Assemblée, il pourrait se retrouver dans une position vulnérable, en raison de l’intensité des enjeux politiques et des rapports de force qui caractérisent la scène politique sénégalaise. En restant à la Primature, Sonko serait mieux un dome de fer dans l’exécutif, ce qui lui permettrait de mener des réformes en collaboration avec le président sans que le président Diomaye ne se retrouve exposé à des attaques constantes de la part des opposants qui pourraient avoir un préjudice irréversible.

Dans cette optique, il serait préférable qu’Ousmane Sonko et le Président Diomaye envisagent la nomination d’un vice-président ou d’une autre personnalité de confiance pour occuper la présidence de l’Assemblée nationale. Cela permettrait non seulement de maintenir un équilibre des pouvoirs, mais aussi d’assurer un contrôle efficace des actions du gouvernement sans que la stabilité politique du pays soit mise en péril. Un tel choix renforcerait également la légitimité de l’Assemblée en tant qu’organe de contrôle, tout en préservant une coopération saine entre les différentes branches du pouvoir.

Je ne suis pas politicien, je suis juste juriste.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Kambanck, juriste, spécialisé en droit des contrats
Mis en ligne : 21/11/2024

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