Cuir nigérian : L’or caché des marques européennes - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Amy Colle Badji | Publié le 21/11/2024 09:11:00

Cuir nigérian : L’or caché des marques européennes

Le Nigeria exporte 90 % de son cuir, mais les profits finaux échappent au pays. Un déséquilibre flagrant que le secteur cherche à corriger. Transformer localement et réduire les exportations brutes pourrait bouleverser ce modèle injuste.

Dans l’industrie mondiale du luxe, l’élégance d’un sac en cuir italien masque souvent une vérité méconnue : la matière première vient d’Afrique.

Le cuir nigérian, réputé pour sa qualité exceptionnelle, est essentiel pour de nombreuses marques européennes. Pourtant, ce commerce reste une source de frustration pour le Nigeria, qui ne tire qu’un maigre bénéfice de cette activité pourtant cruciale.

Le cuir nigérian, notamment la peau de chèvre rouge de Sokoto, est mondialement prisé. Ce matériau est exporté massivement, principalement vers l’Italie et l’Espagne. Selon le Conseil nigérian de promotion des exportations, 71 % des peaux de chèvre nigérianes prennent cette direction. Ce commerce génère environ 272 millions de dollars par an pour le Nigeria. Cependant, ces revenus restent bien en deçà des profits réalisés par les marques qui transforment ce cuir en produits de luxe.

L’écart est flagrant : les produits finis, comme les sacs ou les chaussures de luxe, sont vendus à des prix astronomiques, tandis que le Nigeria reste piégé dans le rôle d’exportateur de matières premières. Le pays compte environ 124 millions de chèvres et de moutons, fournissant une abondance de peaux. Pourtant, seules quelques entreprises, comme Winston Leather, se concentrent sur la production locale de produits finis.

Ces efforts restent isolés face à une industrie largement axée sur l’exportation brute. Le Nigeria manque encore des infrastructures nécessaires pour transformer son cuir à grande échelle. Bien que des instituts comme NILEST forment des artisans et cherchent à améliorer la production, le chemin à parcourir reste long.

Cette situation n’est pas unique au cuir. De nombreux pays africains exportent des matières premières sans valeur ajoutée. Ce modèle perpétue une dépendance économique et empêche le développement de chaînes de valeur locales. Les emplois créés par l’industrie restent en majorité précaires et limités au traitement initial des peaux.

Pour rompre avec ce modèle, le Nigeria doit miser sur la transformation locale. Les produits finis, fabriqués au Nigeria, pourraient rivaliser avec ceux des grandes marques européennes. Cela nécessiterait des investissements massifs dans les infrastructures, mais les bénéfices économiques et sociaux seraient considérables.

De plus, limiter les exportations de cuir brut permettrait de forcer les acheteurs internationaux à investir dans la production sur place. Cette stratégie pourrait également encourager les entreprises locales à se développer et à se positionner sur le marché mondial. L’industrie nigériane du cuir pourrait devenir un exemple pour d’autres secteurs en Afrique. En valorisant ses ressources localement, le continent peut réduire sa dépendance aux marchés étrangers et accroître ses revenus.

Le Nigeria possède les talents et les ressources nécessaires pour réussir. Ce qu’il lui manque, c’est une volonté politique forte et des partenariats internationaux pour soutenir cette transformation. Le cuir nigérian a le potentiel de devenir une véritable fierté nationale et une source de prospérité. Cependant, pour atteindre cet objectif, le pays doit sortir de sa dépendance aux exportations brutes.

La transformation locale est une voie exigeante mais indispensable pour permettre au Nigeria de récupérer une part équitable des richesses générées par ses ressources. L’avenir du cuir nigérian dépend de choix courageux, mais les bénéfices d’une telle transformation seraient immenses pour le pays et pour tout le continent.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 21/11/2024

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2 commentaires
Moussa
Yacine dommage pour nous africains
Le 2024-11-21 10:56:10
Yacine
C'est pas normal, il faut que les africains se réveillent bon sang, nous vendons la matière première pour ensuite acheter le produit fini, c'est bête .
Le 2024-11-21 10:13:03

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Moussa
Yacine dommage pour nous africains
Le 2024-11-21 10:56:10
Yacine
C'est pas normal, il faut que les africains se réveillent bon sang, nous vendons la matière première pour ensuite acheter le produit fini, c'est bête .
Le 2024-11-21 10:13:03

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