Face aux défis mondiaux, le Nigeria et la France affichent une vision commune : bâtir un partenariat stratégique fondé sur l’égalité. Cette relation, loin des schémas classiques de domination, promeut autonomie et coopération. Mais cette ambition peut-elle réellement s’incarner dans un monde en perpétuel déséquilibre ?
L’idée d’un partenariat égalitaire entre la France et le Nigeria séduit sur le papier. Elle répond à un besoin urgent d’autonomie stratégique, un concept cher à ces deux nations. La France, souvent perçue comme paternaliste en Afrique, veut s’affirmer comme un allié respectueux des souverainetés. Le Nigeria, quant à lui, aspire à une position d’acteur majeur sur la scène africaine et mondiale. Pourtant, cette dynamique ambitieuse se heurte à des obstacles significatifs.
L’une des bases de cette alliance repose sur des échanges économiques mutuellement bénéfiques. En 2022, le commerce entre les deux pays atteignait 4,8 milliards d’euros. Pourtant, ce chiffre masque une inégalité criante : la France reste un exportateur net de biens industriels, tandis que le Nigeria fournit essentiellement des hydrocarbures. Le modèle extractif classique persiste, malgré les discours sur la diversification économique.
Pour que ce partenariat soit réellement égalitaire, le Nigeria doit renforcer ses capacités de transformation locale. Créer des industries pour valoriser ses ressources permettrait de réduire la dépendance vis-à-vis des importations françaises. La France, de son côté, gagnerait à soutenir ce processus par des investissements responsables, plutôt que d’entretenir une dépendance structurelle.
Le principe d’autonomie stratégique défendu par les deux pays reste un défi colossal. Le Nigeria dépend encore fortement de partenaires étrangers pour sa sécurité et ses infrastructures. L’aide militaire française dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ou les programmes financés par des entreprises françaises soulignent cette réalité.
La véritable autonomie passe par une montée en puissance des capacités locales, notamment dans les domaines technologiques et énergétiques. Un exemple inspirant pourrait être l’investissement conjoint dans les énergies renouvelables, un secteur crucial pour le Nigeria. Cela favoriserait non seulement une indépendance énergétique, mais aussi une réduction de l’empreinte carbone commune.
Sur le plan international, le discours de Macron et Tinubu prône une réforme de la gouvernance mondiale. Pourtant, la France conserve une position ambiguë, oscillant entre son rôle de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et ses ambitions réformatrices. De son côté, le Nigeria, malgré son poids démographique et économique, peine à s’imposer comme une voix centrale pour l’Afrique.
Pour que cette réforme aboutisse, il est impératif que la France soutienne concrètement la candidature du Nigeria à un siège permanent au Conseil de sécurité. Ce serait un geste fort pour une gouvernance plus équitable.
Le partenariat entre la France et le Nigeria ne sera crédible que s’il repose sur des actions concrètes et transparentes. Voici trois propositions pour y parvenir : Créer des zones industrielles soutenues par des capitaux conjoints pour valoriser les ressources nigérianes. Former des talents nigérians dans des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle ou la cybersécurité. Défendre ensemble une réforme ambitieuse des institutions internationales, au-delà des intérêts nationaux.
L’idée d’une relation égalitaire entre la France et le Nigeria est porteuse d’espoir, mais elle exige des engagements courageux. Tant que les dynamiques de domination économique et politique ne seront pas remises en question, ce partenariat restera un idéal lointain. Une coopération sincère, basée sur des intérêts partagés et une vision commune, pourrait toutefois transformer cette ambition en réalité. Les deux nations en ont les moyens. Il leur reste à trouver la volonté.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 10/12/2024
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