L’Union européenne (UE) a décidé de maintenir son soutien financier aux troupes rwandaises déployées au Mozambique, malgré une controverse croissante. Avec une nouvelle enveloppe de 20 millions d’euros allouée dans le cadre de la facilité européenne pour la paix, l’objectif est de renforcer la lutte contre le terrorisme dans la province du Cabo Delgado.
Cette région reste marquée par des violences jihadistes qui menacent la stabilité du Mozambique et, par ricochet, celle de l’ensemble de l’Afrique australe. Si cette décision illustre une approche pragmatique de la part des 27 États membres, elle soulève néanmoins des questions sur l’avenir de la coopération internationale et sur les limites de l’implication européenne en Afrique.
D’un point de vue stratégique, cette aide se veut un levier pour contenir les avancées des groupes jihadistes dans une zone stratégique pour les intérêts européens, notamment en termes de sécurité et d’accès aux ressources naturelles. Le précédent soutien accordé en 2021 a permis de stabiliser temporairement la situation, mais le retrait des forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en 2024 a laissé un vide que les jihadistes ont exploité. La présence rwandaise reste donc essentielle pour sécuriser Cabo Delgado, à la demande du gouvernement mozambicain.
Cependant, ce soutien n’est pas exempt de conditions strictes. L’UE avertit qu’elle cessera tout financement en cas de violations des droits humains ou de détournement des ressources allouées. Cette position, impulsée notamment par la Belgique, reflète une volonté de responsabiliser les partenaires tout en tenant compte des préoccupations relatives au rôle controversé des troupes rwandaises dans d’autres conflits, notamment en République démocratique du Congo (RDC). Bruxelles espère également instaurer un précédent en optant pour une prise de décision européenne à la majorité, plutôt que par consensus.
Sur le plan diplomatique, cette décision divise. Certains États membres voient en ce financement une approche pragmatique et nécessaire face à l’urgence sécuritaire, tandis que d’autres dénoncent une dépendance excessive à l’égard du Rwanda, un acteur dont les ambitions régionales suscitent des interrogations. En outre, les critiques soulignent que l’usage de fonds initialement prévus pour l’Ukraine dans un autre contexte pourrait créer des tensions au sein de l’UE.
Cette aide financière reflète les défis d’un équilibre fragile entre soutien humanitaire, intérêts stratégiques et respect des principes européens. Si l’UE maintient pour l’instant une ligne d’action ferme, l’avenir de cette coopération dépendra des résultats obtenus sur le terrain et du comportement des forces rwandaises. La situation au Mozambique reste un test crucial pour l’efficacité et la cohérence de la politique étrangère européenne.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Faye’s
Mis en ligne : 11/12/2024
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