La scène politique sénégalaise a connu un tournant avec l’ascension de Diomaye à la présidence. La rivalité avec son prédécesseur, Macky Sall, se manifeste non seulement au niveau national, mais également sur la scène internationale.
Dès le début du mandat de Diomaye, ses détracteurs, principalement issus de l’opposition, ont exprimé des doutes quant à sa capacité à représenter le Sénégal à l’échelle mondiale.
Moqué pour son manque d’expérience dans les plus hautes fonctions, certains observateurs allaient jusqu’à se demander s’il serait capable de rencontrer des figures internationales de premier plan, comme le président américain Joe Biden, tant son image semblait insulaire et inexpérimentée. En 2012, Macky Sall, tout juste élu, avait lui aussi dû faire face à des critiques similaires.
Cependant, là où Sall, fort de son parcours antérieur, avait réussi à imposer son image d’homme d’État sur la scène diplomatique, Diomaye a rapidement prouvé que sa fraîcheur pouvait être un atout plutôt qu’un handicap.
Dans l’ombre de ces premières critiques, Diomaye a su se donner les moyens de réussir. Loin de se laisser abattre par les moqueries, il a adopté une approche méthodique pour se perfectionner en diplomatie. Entouré d’experts, il a multiplié les déplacements à l’étranger, cherchant à comprendre les enjeux géopolitiques et économiques mondiaux et à établir des relations avec des puissances internationales. Contrairement à son prédécesseur en 2012, qui était encore en phase de prise en main de ses fonctions, Diomaye a rapidement pris la place de leader et est devenu un acteur recherché sur la scène internationale.
Il a rencontré des chefs d’État, des investisseurs et participé à des discussions stratégiques cruciales. En seulement huit mois, Diomaye a su tisser des liens solides avec des pays clés, ce qui lui a permis de se faire une place parmi les acteurs diplomatiques majeurs, acquérant rapidement un capital politique à l’international.
Le président Macky Sall, quant à lui, avait un parcours différent lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2012. Ancien ministre des Finances et président de l’Assemblée nationale, Sall avait une expérience gouvernementale solide, ce qui lui permettait d’aborder les questions diplomatiques avec une certaine aisance. Son image de diplomate chevronné a été façonnée à travers une série de rencontres avec les grandes puissances mondiales et des succès diplomatiques notables, tels que l’établissement de relations étroites avec la Chine, la France et d’autres partenaires africains.
Son projet de modernisation du pays a été grandement facilité par la diplomatie qu’il a menée, attirant des investissements étrangers et soutenant des projets d’infrastructures majeures comme l’Aéroport Blaise Diagne, le Train Express Régional et la route de l’Initiative pour l’Émergence du Sénégal (IES). Ces projets n’auraient pas vu le jour sans la crédibilité qu’il avait acquise sur la scène internationale.
Cependant, malgré ces réalisations impressionnantes, la fin du mandat de Macky Sall a été marquée par un déclin de son image, alimenté par des tensions internes au sein de son gouvernement et des frictions politiques croissantes avec l’opposition. En 2021, son gouvernement a fait face à des manifestations populaires et à des contestations concernant la gestion des ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz.
Ces tensions internes ont eu un impact direct sur la diplomatie sénégalaise, ternissant l’image de stabilité que le pays avait construite pendant les premières années du mandat de Sall. Alors que Macky Sall était perçu comme un homme d’État capable de faire avancer le Sénégal sur la scène internationale, ces crises internes ont fragilisé cette image, notamment aux yeux des partenaires étrangers. L’incapacité de maintenir l’unité interne a quelque peu annulé les bénéfices de sa diplomatie extérieure et, dans une certaine mesure, affaibli son rayonnement à l’international.
L’arrivée de Diomaye à la présidence a, quant à elle, révélé une nouvelle forme de diplomatie, plus pragmatique et adaptative. Bien que n’ayant pas encore l’expérience de Macky Sall en 2012, Diomaye a rapidement développé des compétences diplomatiques en se basant sur son ouverture d’esprit et sa volonté d’apprendre. En huit mois de mandat, il s’est rapproché des grands acteurs internationaux et a clairement fait preuve d’une plus grande flexibilité diplomatique que Macky Sall au début de son mandat.
Diomaye semble avoir compris qu’une diplomatie efficace n’est pas seulement le fruit d’un long parcours politique, mais aussi d’une capacité à s’adapter aux évolutions rapides du monde, à tisser des liens personnels et à s’ouvrir à de nouveaux partenariats. Sa diplomatie est perçue comme plus fluide et moins rigide que celle de son prédécesseur, qui, après avoir incarné le « Sall fort », a vu son image se fragiliser au fil des années.
Ainsi, bien que Macky Sall ait posé les bases solides de la diplomatie sénégalaise, il est évident que Diomaye, bien que jeune et encore dans ses premiers mois au pouvoir, a adopté une approche plus proactive et plus dynamique. Ses premiers pas dans la diplomatie, loin d’être précipités, se sont révélés habiles et ont permis au Sénégal de continuer à prospérer dans ses relations internationales.
Aujourd’hui, la rivalité entre Diomaye et Sall se dessine non seulement à travers des bilans politiques et économiques, mais aussi à travers leurs styles respectifs en matière de diplomatie. Alors que Macky Sall a incarné un modèle de diplomatie institutionnelle et stratégique, Diomaye, pour sa part, semble marquer une rupture, une vision plus audacieuse et plus ouverte, qui pourrait bien redéfinir l’image du Sénégal sur la scène internationale.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Nikita Luminov
Mis en ligne : 16/12/2024
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