Lors d’une conférence de deux jours organisée au Centre de Formation Judiciaire (CFJ) sur le thème de la justice pénale internationale, le directeur Souleymane Teliko a livré une réflexion profonde sur la place et le rôle de cette justice dans un monde globalisé.
« La justice ne se réduit pas aux institutions qui l’incarnent. Elle représente avant tout un symbole, un idéal qui transcende les frontières et les époques », a-t-il déclaré d’entrée de jeu, insistant sur la dimension universelle de ce pilier fondamental du droit.
S’interrogeant sur l’intérêt d’une telle conférence sur un sujet abondamment traité, M. Teliko a néanmoins tenu à rappeler les critiques récurrentes à l’encontre des juridictions internationales : l’absence de forces coercitives pour faire appliquer leurs décisions, les suspicions d’instrumentalisation politique, la lenteur des procédures et les coûts exorbitants de leur fonctionnement.
Ces griefs, bien que parfois légitimes, ne doivent pas selon lui éclipser l’importance de cet « édifice bâti au prix d’efforts de générations éclairées et volontaristes ». À travers l’exemple emblématique des procès de Nuremberg, il a souligné que la justice internationale repose sur une conviction fondamentale : « Ce sont des hommes et non des entités abstraites qui commettent les crimes dont la répression s’impose comme sanction du droit international. »
Souleymane Teliko a retracé le parcours de la justice pénale internationale, depuis les tribunaux historiques de Nuremberg et de Tokyo jusqu’à la création des juridictions ad hoc des années 1990, telles que le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR). Ces instances ont marqué une avancée significative, bien qu’entachées par des dysfonctionnements ayant poussé la communauté internationale à explorer des modèles juridictionnels alternatifs.
Parmi ces nouveaux cadres, les juridictions hybrides se sont imposées comme une tentative de concilier normes internationales et justice nationale. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, les Chambres Africaines Extraordinaires ou encore la Cour Pénale Spéciale de Bangui en sont des exemples notables. Ces institutions ont notamment permis d’impliquer directement les États concernés dans la lutte contre l’impunité, tout en renforçant leurs systèmes judiciaires locaux.
C’est dans cet esprit que le CFJ a organisé cette rencontre, avec le soutien du ministère de la Justice. L’objectif : offrir aux acteurs du secteur une meilleure compréhension des normes et pratiques consacrées par la justice pénale internationale.
Dans un monde marqué par la mondialisation et une interpénétration croissante des systèmes juridiques, le CFJ se veut un vecteur de transformation. « La lutte contre la culture de l’impunité doit être au cœur de nos priorités », a conclu Souleymane Teliko, réaffirmant la mission de l’institution qu’il dirige.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mise en ligne : 17/12/2024
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