Abolition de la loi d’amnistie : Une décision pour l’unité nationale - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 29/12/2024 03:12:30

Abolition de la loi d’amnistie : Une décision pour l’unité nationale

L’actualité politique sénégalaise est actuellement dominée par un débat de plus en plus vif concernant l’abrogation de la loi d’amnistie, une législation adoptée pour effacer certaines infractions commises entre 2021 et 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger.

Ce vendredi 27 décembre, cette question a occupé une place centrale dans les discussions à l’Assemblée nationale, mais aussi au sein de la classe politique, qui se divise sur ses implications. Si certains considèrent cette loi comme un levier nécessaire à l’apaisement et à la réconciliation nationale, d’autres y voient une mesure controversée, susceptible de déstabiliser l’ordre juridique et politique du pays.

Le projet de loi d’amnistie, adopté en 2024, visait avant tout à réconcilier les différentes factions politiques du pays, après une période marquée par des tensions sociales et politiques profondes.

En rétablissant des droits civiques et politiques à certaines personnes ayant été condamnées dans des contextes de conflits politiques, la loi entendait ouvrir la voie à un climat de paix et de dialogue national. L’objectif était clair : effacer certaines condamnations afin de permettre à ces individus de participer à la vie démocratique, notamment en retrouvant leur droit de vote et d’élection.

La logique sous-jacente à cette amnistie était celle d’un retour à la stabilité, en offrant une chance aux figures politiques marquées par des démêlés judiciaires de réintégrer pleinement la sphère politique. Ainsi, cette loi se voulait un geste de dialogue et d’ouverture, destiné à renforcer la cohésion nationale.

Le Premier ministre Ousmane Sonko, dans sa déclaration de politique générale, a exprimé son intention de revenir sur cette loi, suscitant ainsi un torrent de critiques. L’ex-ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, a vivement réagi, mettant en garde contre les risques qu’une telle abrogation pourrait engendrer. Selon elle, l’amnistie devait être un outil pour rétablir l’équilibre démocratique, et revenir sur cette mesure pourrait avoir des conséquences désastreuses, notamment sur le plan politique et judiciaire.

L’égalité devant la loi est également au cœur de cette controverse. En effaçant certaines infractions sans distinction, l’amnistie pourrait être perçue comme un instrument d’impunité, créant des injustices en excluant certains acteurs de son bénéfice. De plus, la remise en cause de cette mesure pourrait être perçue comme un recul dans les efforts de réconciliation et de cohésion nationale.

Au-delà des arguments juridiques, l’abrogation de la loi d’amnistie prend une tournure résolument politique. Dans un climat de forte rivalité entre les différentes factions du pouvoir, une telle décision pourrait être interprétée comme une tentative de remettre en cause certaines alliances politiques ou de fragiliser la position de l’opposition. La loi d’amnistie, bien qu’ayant été conçue dans une logique de réconciliation, est désormais perçue par certains comme un instrument d’équilibre politique, et son abrogation pourrait fragiliser cette architecture.

Certains députés de la majorité ont d’ores et déjà appelé à l’abrogation de la loi, un geste qui pourrait répondre à un sentiment populaire de mécontentement face à des situations jugées injustes. Toutefois, cette initiative pourrait aussi être vue comme une tentative de disqualifier certains adversaires politiques et de renforcer le contrôle de l’exécutif sur le processus démocratique.

L’abrogation de la loi d’amnistie pourrait avoir des conséquences sociales et politiques majeures. Elle risque de raviver des tensions au sein de la société sénégalaise, surtout si elle est perçue comme une manœuvre d’exclusion visant à discréditer certains acteurs politiques. En révoquant une mesure censée favoriser la réconciliation, le gouvernement pourrait renverser des progrès réalisés dans la recherche de l’unité nationale.

De plus, cette décision remettrait en question le fondement même du dialogue national, qui repose sur le principe d’inclusivité et sur la possibilité pour tous les acteurs politiques, même ceux ayant un passé judiciaire compliqué, de participer pleinement à la vie démocratique.

Enfin, l’éventuelle abrogation de la loi d’amnistie soulève une question fondamentale sur la nature de la justice au Sénégal : faut-il privilégier l’impunité pour assurer la paix sociale, ou doit-on plutôt insister sur l’équité et la justice, même au risque de raviver certaines tensions politiques ? Cette question essentielle se trouve au cœur d’un débat où les intérêts politiques et les principes juridiques semblent parfois entrer en conflit.

Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 29/12/2024

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Fallou
Aissata Tall Sall sait ce qui l'attend
Le 2024-12-29 15:45:38

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