Depuis l’accession de Macky Sall à la présidence, l’opposition sénégalaise a connu une évolution marquante, mais préoccupante. Alors que le Sénégal est souvent cité comme un modèle démocratique en Afrique, l’opposition politique a été progressivement marginalisée, principalement par des manœuvres politiques habiles. Bien que ces stratégies se soient appuyées sur des mécanismes judiciaires souvent perçus comme illégaux, elles n’ont rencontré aucune véritable résistance légale ou institutionnelle.
Au fil du temps, l’opposition a perdu en force, et la pluralité politique s’est considérablement réduite. Cependant, la situation a pris une tournure nouvelle avec l’arrivée de Diomaye, qui a accentué ce phénomène d’affaiblissement de l’opposition, mais d’une manière différente et plus subtile.
Sous l’ère Diomaye, l’opposition sénégalaise ne subit plus seulement des attaques extérieures, mais se réduit d’elle-même. Loin de s’imposer comme une alternative crédible au pouvoir en place, elle s’est laissée engloutir par des incohérences internes et un manque flagrant de stratégie. Dans le nouveau contexte politique, l’opposition peine à proposer des solutions solides ou à structurer une critique cohérente face à la coalition Sonko-Diomaye. Bien que certains leaders de l’opposition se prétendent être des rivaux de Sonko, leurs attaques demeurent superficielles et manquent de profondeur, ouvrant ainsi un vide politique que Sonko exploite à sa guise.
Cette auto-réduction de l’opposition est également renforcée par un déficit de leadership. Des figures comme Amadou Ba, Bougane, Thierno Alassane Sall ou Abdoul Mbaye, bien qu’acteurs visibles de la scène politique, échouent à s’imposer comme des alternatives solides au pouvoir en place. Leur manque de vision claire et leur frilosité ( manque de courage) dans les débats d’idées affaiblissent davantage une opposition déjà divisée. Chacun semble davantage préoccupé par des ambitions personnelles que par la nécessité de réorganiser l’espace politique sénégalais. Cette fragmentation rend l’opposition vulnérable et incapable de se structurer efficacement pour contrer un pouvoir centralisé.
Dans ce contexte, Ousmane Sonko poursuit son ascension sans réelle opposition crédible. Il a su capter une large part du mécontentement populaire, en particulier grâce à un discours populiste qui résonne profondément avec une partie significative de la population. Tandis que l’opposition se perd dans ses querelles internes et ses divisions, Sonko, lui, gagne en influence et se positionne comme le leader incontesté. Face à une opposition fracturée et dénuée de réponses tangibles, Sonko paraît incontrôlable, son ascension semble inéluctable, tant il n’a rencontré aucun adversaire capable de le contrer sérieusement.
L’avenir de l’opposition sénégalaise paraît incertain. Ni Macky Sall, ni les figures de l’opposition actuelle ne parviennent à briser le silence politique qui s’est installé. Le pays se retrouve dans une situation où la pluralité des idées et des partis est mise en péril, et où un seul homme, Sonko, domine largement le paysage politique. Il devient urgent que l’opposition se réorganise et se revitalise, qu’elle propose des idées concrètes pour reconquérir sa place dans le débat politique. Si cette dynamique n’est pas amorcée rapidement, le Sénégal risque de sombrer dans un système où une seule voix s’élève, au détriment de la diversité politique et de la démocratie.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Coumba Sagna
Mis en ligne : 02/01/2025
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