La montée en puissance des femmes dans la politique et le monde des affaires est souvent perçue comme un progrès pour la société. Cependant, cette évolution pourrait bien avoir des conséquences inattendues, particulièrement dans le contexte sénégalais, où les rôles traditionnels sont encore profondément ancrés dans les mentalités.
Au Sénégal, comme dans de nombreux pays africains, la structure familiale repose encore largement sur des modèles patriarcaux. Le rôle de la femme est souvent perçu à travers le prisme de la maternité, du foyer et de l’assistance à l’époux. Dès lors, l’accès des femmes aux sphères de pouvoir, tant politiques qu’économiques, pourrait être perçu comme une menace pour l’équilibre familial, un facteur qui alourdit les tensions conjugales et peut même être une cause probable de divorces.
Le lien entre réussite professionnelle des femmes et fragilisation des foyers n’est pas un phénomène isolé. Au Sénégal, les femmes occupant des postes de responsabilité dans les affaires ou en politique sont souvent confrontées à un dilemme : celui de concilier leurs ambitions professionnelles et leurs responsabilités familiales. Dans un contexte culturel où la femme est traditionnellement vue comme la gardienne du foyer, une femme en position de pouvoir ou d’indépendance financière peut être perçue comme délaissant ses obligations domestiques. Cette évolution bouscule des liens familiaux qui peinent à évoluer aussi vite que la société. Les tensions engendrées par ce bouleversement des rôles traditionnels peuvent, dans certains cas, se traduire par des ruptures conjugales, où l’on observe que plus une femme est active dans les affaires ou en politique, plus le risque de divorce devient élevé.
La réalité sociale sénégalaise, qui valorise encore un modèle patriarcal, place une pression particulière sur les femmes qui réussissent. Si une femme devient ministre, dirige une entreprise prospère ou détient des pouvoirs décisionnels, sa position risque de créer un déséquilibre dans la relation conjugale. Ce phénomène est renforcé par un environnement où, malgré les évolutions juridiques et sociales, l’homme reste perçu comme la figure dominante dans le foyer. L’indépendance financière et professionnelle de la femme peut engendrer une remise en question de l’autorité du mari, ce qui, dans certains cas, peut conduire à des conflits internes qui se transforment en crises familiales, voire en divorces. L’augmentation des divorces dans les sociétés où les femmes gagnent en autonomie est une réalité qui ne peut être ignorée et qui mérite une réflexion approfondie.
Certains avancent que cette situation pourrait être évitée en réorientant la politique vers une prééminence masculine, une idée qui, bien que controversée, trouve un écho dans les milieux conservateurs. Selon cette perspective, limiter la place des femmes en politique et dans les affaires permettrait de protéger la stabilité du foyer en revenant à des valeurs traditionnelles. L’idée serait de rétablir une structure familiale où l’homme reste le leader et où la femme joue un rôle de soutien dans la sphère domestique. Cette vision défend l’idée que la réussite professionnelle de la femme, loin de favoriser l’épanouissement de la famille, génère au contraire des conflits internes. Ce raisonnement repose sur l’idée que la femme, en accédant à ces sphères, devient une menace pour l’équilibre du mariage et, par extension, pour la société dans son ensemble.
Cependant, une telle position, bien que partiellement comprise dans certaines cultures traditionnelles, néglige un aspect fondamental : le droit à l’autonomie et à l’égalité. Il est crucial de se demander si la solution à cette tension doit passer par une régression des droits des femmes. Ne serait-il pas plus pertinent de repenser les rôles familiaux dans une société moderne où l’égalité des sexes devient un principe fondamental ? Au lieu de chercher à limiter la place des femmes, il serait plus judicieux de promouvoir des modèles de coopération dans le couple, où l’homme et la femme partagent les responsabilités professionnelles et familiales. L’éducation et les politiques publiques devraient soutenir cette répartition équilibrée des rôles, afin d’éviter que la réussite individuelle d’un des conjoints ne devienne un facteur de fracture dans le couple.
Enfin, la place des femmes en politique et dans les affaires, loin de constituer une avancée pour la stabilité des foyers, peut effectivement générer des tensions au sein des couples sénégalais, notamment dans un contexte où les rôles traditionnels demeurent profondément ancrés. Toutefois, cela ne justifie en aucun cas une régression des droits des femmes ou une exclusion de leur participation active à la vie publique. Au contraire, il convient de repenser la manière dont la société et les institutions peuvent soutenir une transformation progressive des rôles familiaux, afin que l’émancipation des femmes n’entre pas en contradiction avec la stabilité du foyer, mais devienne un facteur de renouveau pour les familles modernes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : B. Yousouf
Mis en ligne : 07/01/2025
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