Kizza Besigye, figure emblématique de l’opposition en Ouganda, devra répondre d’une accusation de trahison, a statué mardi un tribunal militaire de Kampala. Une décision qui vient alourdir les démêlés judiciaires de cet opposant historique, à moins de deux ans des élections présidentielles prévues en 2026.
La trahison, l’une des accusations les plus graves dans le droit ougandais, est passible de la peine de mort.
Besigye, âgé de 68 ans et ancien candidat à la présidence à quatre reprises, a été arrêté après une disparition remarquée à Nairobi, la capitale kenyane, le 16 novembre dernier. Transféré en Ouganda, il a été présenté devant un tribunal militaire en compagnie de son assistant Obeid Lutale. Les charges initiales portées contre lui comprenaient la possession illégale d’une arme à feu et une tentative présumée de solliciter un soutien militaire étranger pour déstabiliser la sécurité nationale.
Le lundi suivant, le parquet militaire a surpris en renforçant l’acte d’accusation avec une charge de trahison et en ajoutant un troisième accusé, un officier de l’armée en service. Les avocats de la défense, pris au dépourvu, ont contesté cette manœuvre juridique.
Opposant de longue date au président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, Besigye a été arrêté et agressé à plusieurs reprises. Cependant, malgré des accusations répétées, il n’a jamais été condamné. Ancien médecin militaire et ex-allié de Museveni, leur relation s’est détériorée dans les années 1990, Besigye accusant le président d’avoir abandonné ses idéaux pour s’enfoncer dans l’autoritarisme.
Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé son arrestation, qualifiée de violation des droits humains. Ces organisations pointent également l’usage systématique des tribunaux militaires par le régime pour museler l’opposition politique.
Ce procès intervient dans un climat politique chargé, où les spéculations vont bon train sur l’avenir de Museveni. Bien qu’il soit pressenti pour se représenter, certains observateurs évoquent la possibilité qu’il passe la main, une hypothèse qui nourrit l’incertitude quant à la transition au sein du Mouvement de résistance nationale (NRM).
L’histoire politique ougandaise, marquée par des transitions violentes depuis l’indépendance en 1962, amplifie l’inquiétude d’une instabilité à venir.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 14/01/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.